mardi 22 décembre 2015

La "double erreur" de Merkel (Bruno Le Maire)

>>> MARS2020 L’Allemagne veut tout faire pour empêcher une nouvelle vague migratoire
La fermeté désormais affichée par le gouvernement d’Angela Merkel, cinq ans après la « crise des réfugiés », divise l’opinion. Lemonde

Conséquences de la double-erreur de Merkel : la montée de l'extrême droite depuis 2015
>>> SEPT2017. Allemagne : à Berlin, les sympathisants de l'AfD votent contre "les étrangers". REPORTAGE - Pour la première fois depuis 1945, il y aura un parti d'extrême-droite au Parlement allemand. Des électeurs de l'AfD nous expliquent les raison de leur vote. LeJDD 
>>> JAN2016. La position d'Angela Merkel a évolué sur la question des migrants. Pour Merkel, beaucoup de réfugiés devraient rentrer chez eux à moyen terme, c'est à dire lorsque la Syrie sera pacifiée et les islamistes vaincus LeMonde
>>> MARS2016. Merkel et les réfugiés : la sanction politique FranceCulture, 12/03/2016
>>> DEC2015. En 2015, plus d'un million de migrants sont arrivés en Europe. Libé
>>> OCT2015. Migrants : la popularité d'Angela Merkel au plus bas depuis deux ans. LeMonde 
>>> OCT2015. Allemagne : le dossier des migrants est devenu un handicap pour Angela Merkel. Geopolis 

La "double erreur" de Merkel (septembre 2015) [un an après la grosse erreur de l'UE (le renoncement face à le Russie!)]
>>> SEPT2015. 
La "double erreur" de Merkel (Bruno Le Maire, Septembre 2015)
Angela Merkel a commis "une double erreur" en ouvrant en grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés, avant de faire volte-face, a estimé lundi l'ancien ministre Bruno Le Maire (Les Républicains).
"Vous connaissez mon attachement au peuple allemand et mon respect pour Angela Merkel. Mais je pense que sur cette question des réfugiés, Angela Merkel a fait une double erreur. Elle a fait une erreur en décidant seule et elle a fait une erreur en laissant entendre que l'UE pourrait accueillir tous les réfugiés venus de Syrie et d'ailleurs", a déclaré M. Le Maire sur France Inter.

"On voit bien à quoi cela conduit. Cela crée forcément un appel d'air pour tous ces hommes, ces femmes, ces familles qui fuient les bombardements, les crimes de Daesh et de Bachar al-Assad et n'ont d'autre moyen que de quitter leur pays", a poursuivi le député de l'Eure.
Quant à François Hollande, "le drame, c'est qu'il est à la remorque de l'Allemagne". "Ce qui a manqué, c'est un contrepoids par rapport à l'Allemagne face à la décision unilatérale d'Angela Merkel", a estimé l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
L'Allemagne a réintroduit dimanche les contrôles à ses frontières pour "contenir" l'afflux de dizaines milliers de réfugiés, suspendant la libre circulation dans l'espace européen, alors que se tient lundi une réunion cruciale à Bruxelles des ministres de l'Intérieur des 28 consacrée aux quotas.
Pour M. Le Maire, "nous avons besoin d'une approche commune", "que tous les Européens soient capables de définir ce qu'ils veulent faire pour les réfugiés, comment les accueillir, combien ils peuvent en accueillir" et "contrôler nos frontières extérieures".
"Je propose qu'on mette en place cette force civilo-miliaire qui existe dans l'Union européenne", "elle peut aider au règlement de cette crise pour mieux contrôler les frontières extérieures de l'Union et ne pas laisser les états décider seuls comme le fait aujourd'hui la Hongrie", a prôné M. Le Maire.
Par ailleurs, "il est urgent que nous ayons un conseil européen rassemblant l'ensemble des chefs d'Etat pour définir une politique commune pour définir une politique de long terme face à cet afflux de réfugiés", a dit M. Le Maire.
LaCroix, 14/09/2015






Angela Merkel, de moins en moins consensuelle
La chancelière allemande est passée du statut de dame de fer à celui de “Mutti” en se montrant aussi ferme dans ses négociations avec la Grèce que dans sa volonté d’accueillir les réfugiés.

A-t-elle dépassé ses propres frontières ? Longtemps louée par ses pairs et ses concitoyens pour son implacable rationalité, Angela Merkel a, paradoxalement, été élue « personnalité de l’année » par le magazine américain Time pour avoir pris l’une de ses décisions les plus surprenantes depuis son arrivée au pouvoir, en 2005 : l’accueil sans limite de réfugiés à partir du mois de septembre 2015.

De Bagdad à Kaboul, la chancelière allemande a fini par apparaître comme une héroïne. Elle est devenue celle qui ouvre aux persécutés les portes d’un des pays les plus prospères du monde. Plus d’un million de réfugiés ont déposé en 2015 une demande d’asile en Allemagne, contre environ 200 000 les années précédentes. Sa décision n’est pas qu’une bravade, elle découle d’une véritable vision du monde à venir.

Une certaine vision de la mondialisation

Elevée en Allemagne de l’Est, la chancelière sait mieux que quiconque qu’aucun mur ne résiste à la pression populaire. Pour cette fille de pasteur, les 500 millions d’Européens ne peuvent plus se permettre d’ignorer la misère et les souffrances à leur porte. La pression des réfugiés politiques et économiques aujourd’hui et des réfugiés climatiques demain est devenue telle que murer durablement l’Union n’est pas une solution.
Par ailleurs, aux yeux d’Angela Merkel, adepte du libre-échange économique et de la libre circulation des personnes, ces réfugiés incarnent, à leur corps défendant, la mondialisation. En en accueillant des milliers, l’Allemagne paie finalement son dû à une globalisation qui, depuis des décennies, fait la fortune du made in Germany.
Ce faisant, elle a pris un risque politique considérable. Portée aux nues par la presse internationale, pressentie un temps pour le Nobel de la paix, elle se retrouve de fait sur la défensive. Si une partie des Allemands, notamment les chefs d’entreprise, voient d’un bon œil ces réfugiés qui peuvent, à moyen terme, combler le déficit démographique du pays, d’autres s’inquiètent.
Les plus modestes craignent une baisse de leurs prestations sociales. Même les plus optimistes jugent l’arrivée de centaines de milliers de jeunes hommes célibataires problématique à terme. Déjà, des parents hésitent à 
laisser sortir seules leurs filles le soir… « Tous mes amis sont partagés, observe un responsable de la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD). D’un côté, ils sont pour l’accueil des réfugiés, de l’autre, ils disent que c’est une folie. »
Et de pointer une conséquence de cette politique : « On va avoir en Allemagne un parti populiste à la droite de la CDU. » Sorte de Front national allemand, le mouvement Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité d’environ 10 % dans les sondages. De plus, plus de 800 attaques ont été dénombrées en 2015 contre des foyers de réfugiés. Quatre fois plus qu’en 2014.

Des alliés traditionnels déroutés

Si Angela Merkel refuse toujours de fixer une limite au nombre de réfugiés que l’Allemagne peut accueillir, elle a lâché du lest lors du congrès de la CDU. La chancelière a précisé qu’il fallait désormais « réduire l’afflux de réfugiés » car « l’Etat comme la société » risquent d’être « trop sollicités ». Une inflexion est donc en cours…
Angela Merkel s’est aussi mis à dos ses alliés, les conservateurs européens, qui goûtent peu sa politique migratoire. Sans parler des pays d’Europe de l’Est qui, jusqu’à présent, suivaient à peu près la politique européenne de l’Allemagne, et figurent désormais parmi ses plus farouches adversaires. La tentative d’Angela Merkel de répartir « équitablement » les réfugiés en Europe s’est même soldée par un fiasco.
Certes, en Allemagne, la popularité de la chancelière n’a pas plongé. Elle a même été acclamée comme jamais par son parti lors du congrès du 14 décembre. Mais elle a suffisamment régressé dans l’opinion pour qu’une quatrième candidature de « Mutti » à la chancellerie soit désormais loin d’être une évidence. Héroïne, peut-être. Consensuelle, de moins en moins.
 LeMonde, 21/12/2015





Lire aussi :




>>> L'impuissance de l'Europe, en direct du Livre de Paris
L'Union européenne est confrontée à de graves crises : la question des migrants, les difficultés de la zone euro, les enjeux de sécurité face au terrorisme et aux violences liées aux conflits, la montée des populismes, le BREXIT... Avec G. Kepel, P. Hassner et T. Gomart.    FranceCulture, 19/03/2016



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Angela Merkel vend l'Europe au sultan turc

L'Union européenne, face à la première crise d'ampleur historique de son histoire, est prise en défaut.
L’Europe a fait rêver plusieurs générations de Français.
D’abord celle qui avait souffert dans sa chair de notre défaite et de l’Occupation hitlérienne. Saisissant le caractère proprement suicidaire de nos trois guerres consécutives avec l’Allemagne, elle désirait ardemment mettre un terme à ce cycle infernal en arrimant solidement l’un à l’autre nos deux pays au sein d’une communauté de destin. Des hommes tels que Maurice Schumann, ou François Mitterrand, ont mis en place, avec patience et obstination, un processus cumulatif et irrévocable tendant à imbriquer les économies des pays d’Europe occidentale. Il s’agissait de partir de l’économie pour embrayer la politique  de créer des institutions afin d’enclencher des politiques communes.
Car cette Europe a été pensée sur le modèle allemand, celui d’une « communauté de droit », plutôt que sur le modèle français, basé sur la décision politique. C’est ainsi que l’Union européenne est devenue un « procès sans sujet » pour emprunter à Althusser. Une forme de pilotage automatique par la norme et le droit. Ca marche bien par temps calme, mais par temps calme seulement.
La deuxième génération responsable de l’état présent de l’Europe, c’est celle qu’on a nommée anti-totalitaire. Entendant l’appel de nos frères séparés d’Europe centrale, ce « morceau d’Occident kidnappé », selon l’expression si juste du Tchèque Kundera, elle a désiré ardemment mettre à bas le Rideau de fer imposé par l’Union soviétique. Cramponnée sur la défense des droits de l’homme, elle en a fait l’alpha et l’oméga de toute politique. C’est la génération de Kouchner et de Michnik, celle des dissidents. On lui doit la démocratie et l’élargissement à l’est. Mais les droits de l’homme sont un minimum moral. Les puissances ont des intérêts. On ne bâtit pas, sur la morale, une politique étrangère.
Ainsi avons-nous hérité d’une Europe qui n’est guère en l’état qu’un vaste marché, hyper-régulé car hyper-normé, piloté par des institutions qui fuient devant la décision politique. Une Europe qui refuse d’être guidée par ses intérêts, et se prend pour une sorte de Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Une Europe qui se croit sortie de l’histoire et se pense post-moderne. Une Europe qui refuse d’admettre qu’en tant que puissance, elle a des frontières et qu’il conviendrait peut-être de les défendre. Une Europe qui ne veut pas vouloir.
C’est pourquoi, aujourd’hui, elle est totalement prise au dépourvu par la première crise grave – c’est-à-dire historique - qu’elle traverse depuis sa création.
Tout le monde est furieux contre la chancelière allemande. On a reproché à Angela Merkel d’avoir ouvert en grand les portes de l’Union européenne aux migrations sans consulter ses partenaires. Mais devant le peu d’empressement de ceux-ci à prendre leur part du fardeau de l’immigration, et la décision unilatérale prise par certains de fermer leurs frontières, elle fait machine arrière et s’en va négocier, sans prévenir personne, avec le président turc.
C’est une faute grave. Mais combien d’années aurait-il fallu à la Commission, au Conseil et au Parlement européens pour que l’UE définisse une politique commune de l’immigration et commence à la mettre en œuvre ?
Reste qu’Angela Merkel nous ridiculise aux yeux du monde, en se vautrant devant le Sultan au moment même où son régime prend un tournant autocratique et intolérant. Ainsi l’Union européenne, parangon des droits de l’homme, décide-t-elle de rouvrir les négociations d’adhésion avec la Turquie,  alors même qu’Ankara mène une répression violente contre la minorité kurde et ferme les journaux d’opposition ! L’Union européenne paye une rançon à la Turquie afin qu’elle accepte le renvoi sur son sol des vagues migratoires qu’elle a sciemment lancé vers les rivages grecs, l’an dernier.
Comment pouvons-nous accepter que des réfugiés fuyant une atroce guerre civile – je pense aux Syriens – soient renvoyés dans un pays, la Turquie considéré comme « peu sûr » sur le plan des garanties personnelles ? Puis, finalement réacceptés après avoir été triés parmi les migrants économiques, qui ne justifient pas du droit d’asile ? C’est kafkaïen et ça ne marchera pas.
Aujourd’hui, l’Europe fait peut-être rêver les jeunes Afghans, Erythréens, ou Irakiens. Non pour ce qu’elle représente, mais pour sa tranquillité et son niveau de vie. Quant aux nouvelles générations européennes, cela fait longtemps qu’elle ne les fait plus rêver. Et c’est bien regrettable, car nous n’avons pas d’autre option disponible, sauf à faire nos adieux à l’histoire mondiale.




Les conséquences de la décision de Merkel (et, au delà, la faiblesse européenne sur la question de l'immigration), ce sont les murs, y compris entre Etats membres de l'UE, et des réactions individuelles d'Etats membres :
- Hongrie
- Autriche
- Royaume-uni : 
- Finlande : des patrouilles contre les migrants  LeFigaro
- Finlande : La Finlande veut expulser 20.000 migrants  LeFigaro












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