jeudi 7 avril 2016

Référendums & populisme, Europe bashing & Brexit

Le problème du populisme, Référendums & populisme,
Brexit, "Europe bashing"

Le Référendum n'est pas l'alpha et l'omega de la démocratie
Le référendum attise les divisions, un référendum est forcément très clivant et destructeur. On comprend que ceux qui brandissent le référendum comme moyen d'expression du "peuple" soit souvent des populistes, qui aiment tant simplifier les choses, maniant le verbe haut et les idées courtes. Un référendum tend à donner une réponse simple, voire simpliste, à des questions complexes.


"Référendum" en Catalogne
Une des conséquences du référendum décidé et organisé par les indépendantistes :
>>> OCT2017. Tourisme en berne, investisseurs en fuite : l'économie catalane minée par la crise L'Obs


Référendum aux Pays-Bas : une mauvaise nouvelle pour l'Europe
En disant non à l'accord d'association UE-Ukraine, les Pays-Bas viennent de dirent "non" à l'UE. Et de facto, oui aux pro-russes, pourtant responsables (malgré les tentatives de désinformation) de la mort de nombreux néerlandais dans le crash de l'avion du vol 17 Malaysia Airlines.

 Sputnik, un des organes de propagande du Kremlin, réfute l'hypothèse selon laquelle le référendum sur l'association de l'Ukraine et de l'UE aurait été préparé par  le Kremlin, citant pour appuyer son propos un responsable néerlandais. Pourtant, on ne sait pas grand chose sur l'association néerlandaise ayant demandé le référendum. De sorte que l'hypothèse n'est pas à écarter.
Qui plus est, ce ne serait pas la première fois que le Kremlin cherche à affaiblir l'UE ; des actions de déstabilisation ont déjà été menées à plusieurs reprises :
- En Grèce : tentative de déstabilisation, via Syriza, que l'on a observée lors du référendum organisé à la hâte et qui à pris tout le monde de court  (cf iTV  )        
- En Allemagne : tentative de déstabilisation, par un coup monté (l'enlèvement et le viol d'une adolescente par des immigrés était une invention) et en accentuant les problèmes liés à la crise des migrants.   
- En France : l'action porte surtout sur le financement du FN et la manipulation des sarkosistes (avec Mariani en chef-collabo) ; là encore, il s'agit d'utiliser "l'arme des migrants"
- Lettonie : organisation d'un référendum (relatif à la langue russe) ; même si le résultat s'est soldé par une défaite des pro-Kremlin, ceux-ci ont tout de même réussi à imposer ce référendum.
- Géorgie : planification d'une guerre par le Kremlin
- Ukraine : vol de la Crimée, guerre dans le Donbass, tentative de démembrement de ce pays (appelée "fédéralisation de l'Ukraine") ...

Bref, l'hypothèse selon laquelle ce référendum aux Pays-Bas serait téléguidée par le Kremlin n'a rien de farfelue. D'ailleurs, Sputnik se félicite du "non", titrant : "Le référendum néerlandais sur l'Ukraine menace l'intégrité de l'UE"    Cela dit, si le Kremlin n'a rien à voir, cette fois-ci, dans l'organisation de ce référendum - "très demandé" par la population puisque 32,5% des hollandais ont participé (une mobilisation énorme ! ) - , cela signifie que l'UE est en train de se saborder elle-même, sans même que Poutine l'y aide.  


Sources et autres infos liées : 

>>>  MH17 : les enquêteurs ont reconstitué le fil des évènements   LesEchos  

>>>  Pourquoi la Russie soutient-elle la décision du peuple grec ?   iTV
>>> La Russie mène une campagne pour déstabiliser l'Allemagne, selon le quotidien Bild   LaLibre  
>>> La Russie mène une campagne pour déstabiliser l'Allemagne BFM, 10/03/2016   
>>> Baromètre politique: Effet boomerang, le Vlaams Belang siphonne les électeurs de la N-VA   LaLibre  
>>> Washington s’interroge sur les financements russes du FN    Euractiv
>>> Filer à l’anglaise, la tentation des Pays-Bas  Libé 
>>> Que l'Europe remette Poutine à sa place  LesEchos  
>>> Grèce : "la Russie a l'intention de soutenir la reprise économique"  (sachant que l'économie russe se prépare "au pire des scénarios " , on aura compris la motivation de Poutine à apporter une aide à la Grèce... LaTribune   
>>> Le plan russe pour l'Europe : Punir l’Allemagne, diviser l’UE, acculer l’Ukraine   VoxEurop   
>>> Pays-Bas : le referendum imposé par les eurosceptiques Euronews   
>>> Moscou se réjouit du referendum aux Pays-Bas  Euractiv   
 >>> Les pays baltes ne sont pas dupes des manipulations du Kremlin, qu'ils connaissent bien, ayant vécu le joug soviétique.  "La Lituanie se prépare en cas d'affrontement avec Poutine" LeJDD
>>> "Le référendum néerlandais sur l'Ukraine menace l'intégrité de l'UE"    Sputnik 
>>> Bert Koenders sur le rôle du Kremlin dans le référendum Ukraine-UE   Sputnik  
>>> En 2014, la Russie utilisait la Grèce et les mouvements séparatistes pour disloquer l’Union Européenne  UAcrisis  
>>> Galia Ackerman: Les Français ne connaissent que trop peu les processus qui se passent en Ukraine UAcrisis
>>> Un autre exemple de déstabilisation d'un pays par le Kremlin :  Poutine reconnaît avoir planifié la guerre en Géorgie   LeFigaro
>>> Sacrifier la Grèce pour sauver la Russie: un nouveau tournant dans la politique de Vladimir Poutine  HP
>>> Les Néerlandais rejettent le traité d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine   Schuman  



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Le "non" néerlandais à l'UE (et à l'Ukraine)

Personne ne s’y est trompé à Bruxelles et à La Haye : peu importe que le quorum requis (30 %) pour que le scrutin soit valide n’ait été atteint que de justesse, peu importe que le vote lui-même ne soit que consultatif et que la participation ne soit que de 32 % selon les dernières estimations : l’écrasante victoire du « non » (61,1 %, selon des sondages à la sortie des bureaux de vote) au référendum néerlandais sur l’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et l’Ukraine, mercredi 6 avril, est une mauvaise nouvelle de plus pour l’Europe.

Il s’agit d’un test, franchement négatif, à moins de cent jours maintenant du référendum sur le « Brexit », la sortie du Royaume-Uni de l’UE, dont l’issue tétanise tous les pro-Européens depuis des mois.
Ce vote néerlandais risque aussi de fragiliser la politique extérieure de l’Union vis-à-vis de la Russie, opposée à l’accord entre Kiev et Bruxelles, beaucoup de commentateurs le lisant comme une victoire symbolique pour Vladimir Poutine.
    • Pourquoi les Néerlandais votaient-ils ?

Ce référendum sur l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine est issu d’une improbable coalition d’intellectuels et de citoyens regroupés autour du site web GeenStijl* (« pas de style »), qui affirment vouloir « tirer le signal d’alarme et canaliser le mécontentement d’une population inquiète de la mégalomanie des dirigeants européens ».
A l’été 2015, ils ont saisi l’opportunité d’une nouvelle loi néerlandaise sur les initiatives populaires, entrée en vigueur en juin, et ont réuni 480 000 signatures, bien plus que les 300 000 requises.
De leur propre aveu, l’accord d’association avec l’Ukraine n’est qu’un prétexte. La prochaine étape, c’est un référendum sur le « Nexit », la sortie des Pays-Bas de l’UE…
    • Quelles seront conséquences pour l’accord entre l’UE et l’Ukraine ?

Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, est resté très prudent, mercredi soir, mais le leader du parti libéral démocrate, dont le gouvernement avait fait campagne pour le « oui », a admis que la ratification par son pays du traité entre l’UE et l’Ukraine, suspendue par le référendum, n’allait plus de soi.
« Si le résultat est “non”, nous devrons considérer cet avis avec précaution. Il signifie un fait politique, à savoir que la ratification ne peut pas simplement suivre son cours », a-t-il fait savoir.
Le vote de mercredi pourrait fragiliser l’accord d’association avec l’Ukraine. Pas à court terme : cet accord, qui a valeur de traité et qui comporte un gros volet commercial mais aussi politique, a déjà été ratifié par le Parlement européen et les 27 autres pays de l’Union. Et il est entré en vigueur de manière « provisoire » le 1er janvier 2016.
Mais le « provisoire » ne pourra pas durer éternellement. Si La Haye ne ratifie pas le traité à son tour, ce dernier risque d’être dénoncé devant la Cour de justice de l’Union européenne, craint-on à Bruxelles
    • Quel sera l’impact de ce vote en Europe ?

Le président du Conseil européen, Donald Tusk a « pris note », jeudi, du non des électeurs néerlandais, et a indiqué qu’il veut « poursuivre [ses] contacts » avec Mark Rutte sur le sujet : « j’ai besoin d’entendre quelles conclusions lui et son gouvernement vont tirer du référendum et quelles seront ses intentions »
En janvier, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait prévenu qu’un « non » pourrait conduire à « une crise continentale »… Jeudi, il s’est dit « triste », selon un porte-parole. Quant aux conséquences du vote, « il appartient désormais avant tout au gouvernement néerlandais d’analyser les résultats et de décider de la marche à suivre ».
En revanche, l’extrême droite s’est réjouie : sur Twitter, le leader de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders a souligné un vote « de défiance à l’égard des élites de Bruxelles et de La Haye » qui est « le début de la fin de l’UE ».
Marine Le Pen a félicité son allié au Parlement européen et salué « un pas de plus vers l’Europe des Nations ».
Un tel signal est d’autant plus dommageable pour l’Europe qu’il vient d’un des six pays fondateurs de l’Union, connu pour ses valeurs libérales, résolument tourné vers l’Ouest et le monde anglo-saxon, qui avait déjà voté « non » à la Constitution européenne en 2005. Un pays qui, jusqu’à fin juin prochain, assure la présidence tournante de l’Union.
Sur Twitter, les commentateurs en faveur du « oui » soulignaient aussi le paradoxe d’un vote négatif alors que les Pays-Bas ont vécu le drame du vol MH17, abattu en juillet 2014 au-dessus de l’Ukraine, par un missile venant des zones prorusses. Plus de 190 passagers néerlandais avaient trouvé la mort.
En décembre 2015, les Danois s’étaient prononcés par référendum contre une coopération policière avec le reste des Européens. La question posée était quasi incompréhensible, mais, déjà, ce vote avait été interprété comme un « non » à l’Union.
« Ce nouveau vote prouve à quel point le malaise est grand, à quel point l’Union n’inspire plus confiance », déplore un diplomate européen.
De fait, avec les attentats, la crise migratoire qui a mis à jour ses profondes divisions, l’Union donne l’image d’une construction politique en panne, incapable d’assurer la sécurité et la prospérité économique à ses citoyens. Et beaucoup, à Bruxelles, craignent que, dans l’état de faiblesse dans laquelle elle se trouve, elle ne résiste pas à la déflagration d’un « Brexit ».
    • Comment le gouvernement néerlandais va-t-il s’en sortir ?

M. Rutte pourrait tenter de négocier un protocole additionnel à l’accord, pour soustraire le pays à certains de ses aspects. Ou exiger l’ajout de déclarations répondant aux préoccupations des partisans du « non » (la lutte contre la corruption, etc.), suggère Aaron Matta, chercheur du think tank The Hague Institute for Global Justice.
« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on a juste une crise de plus à gérer », déplorait une source diplomatique bruxelloise, mercredi.


*
Que sait-on sur ce groupe (GeenStijl) ? Est-il géré, organisé, créé, financé par des agents d'influence du Kremlin ? On sait que ce genre de référendum a déjà été mis en place suite à l'initiative d'un groupe (ou association) dépendant du Kremlin (en Lettonie par exemple). Avec toujours en perspective l'affaiblissement voire l'éclatement de l'UE.



>>> La consultation a été promue par trois organisations eurosceptiques menées par le groupe GeenPeijl (“Pas de classe”), lui-même expression du blog populaire GeenStijl (“Pas de style”). Elles ont recueilli plus de 400 000 signatures afin d’obtenir la tenue d’un référendum. VoxEurop
>>> Pourquoi le référendum aux Pays-Bas n’est pas démocratique (ou comment 1% des européens décide pour toute l'UE)   Voxeurop
 >>>  Le plan russe : punir l’Allemagne, diviser l’UE, acculer l’Ukraine   Voxeurop
>>>  Les Pays-Bas vers le «Nexit» ?     Libé

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Des réactions au "non" néerlandais 


Communiqué de MARIELLE DE SARNEZ  (07/04/2016) :
Mon communiqué au lendemain du référendum aux Pays-Bas relatif à l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne :
« Ce résultat est inquiétant vis-à-vis de l'Ukraine qui a vitalement besoin de nous. Ce pays voisin attend de l'Union européenne une coopération plus étroite et surtout le signal que nous sommes à ses côtés pour l'aider à sortir des difficultés dans lesquelles elle est, pour l’aider à se réformer, pour l’aider à lutter contre la corruption. Or c'est un signal inverse qui vient d'être envoyé.
Il est inquiétant car il met en évidence le repli sur soi, les égoïsmes nationaux et les peurs exacerbées qui sont toujours mauvais conseillers.
Au moment où l’Union européenne traverse la crise la plus grave de son histoire, il est plus que jamais temps de réaffirmer notre attachement commun à la solidarité européenne. Le projet européen mérite une réflexion. Nous avons besoin de construire une Europe plus démocratique pour que les citoyens s’y retrouvent, une Europe plus efficace pour affronter les défis de la mondialisation. Je forme donc le vœu que les chefs d'État et de gouvernement se mettent rapidement autour de la table et se montrent à la hauteur de ce nouveau défi. »


Deux analyses différentes mais complémentaires du referendum hollandais sur l'accord d'association de l'UE avec l'Ukraine, celle de Tim Snyder, historien et penseur de l'Europe (ci-dessous), celle de Mustafa Nayem, l'une des figures de proue du Maidan et aujourd'hui député, qui insiste sur les responsabilités ukrainiennes dans cet échec de l'UE (ci-dessus).
Le nom hollandais est en effet un revers grave, non pour "Bruxelles" mais pour la liberté et la sécurité en Europe, et pour l'Ukraine.
Beaucoup d'entre nous sont en colère contre les "populistes" hollandais, et enragent de l'efficacité redoutable de la machine de propagande du Kremlin, qui a réussi à attiser et à canaliser le ressentiment anti-européen d'une partie des électeurs néerlandais (20 à 30% en tenant compte du taux de participation: c'est énorme, comme le score du FN en France, mais ce n'est pas une majorité).
Mais il faut dépasser la rancœur et l'inquiétude et comprendre comment l'échec de l'UE s'est produit, en gardant la tête froide.
Oui, il faut bien parler d'un échec de la construction européenne, mais en ajoutant immédiatement que ce n'est pas une bonne nouvelle pour la liberté des Européens, et que ceux qui crient de joie à cette "victoire du peuple contre Bruxelles et l'OTAN" sont des fous ou des misérables (Mélenchon, Le Pen, Myard, Fillon, Chevènement, Sarko et Jean Noubly). Misérables quand ils roulent cyniquement pour Poutine, fous s'ils croient que la défaite de l'UE est une victoire des nations. On a l'impression que les seuls démocrates, les seuls patriotes européens authentiques sont les Ukrainiens qui se battent (et meurent) pour leur liberté et la nôtre.



Communiqué de Jacques VONTHRON, Président de la Maison de l’Europe de Toulouse Midi-Pyrénées :
Les eurosceptiques Néerlandais secouent notre Union !
Dans le premier référendum de ce genre sur un accord de partenariat de grande envergure entre l’Union européenne et l’Ukraine, les électeurs néerlandais l’ont rejeté le 7 Avril. L’arithmétique post-électorale sur des résultats provisoires nous enseigne toutefois que plus de 2/3 des électeurs ne se sont pas déplacés et que s’ils ne sont que 20% des citoyens à rejeter l’accord, seuls 13% l’ont approuvé. Rappelons que, eux, les Ukrainiens se sont battus pour cet accord, après le volte-face en 2013 de leur ancien président qui avait renoncé au dernier moment, sous pression de Moscou, à le signer et en conséquence avait provoqué le soulèvement pro-européen du Maïdan à Kiev.
Les Pays-Bas sont le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié, alors qu’il a reçu le feu vert de leur Parlement. Certes le résultat n’est pas contraignant, mais ni le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui préside actuellement aux destinées de l’Union pour 6 mois, ni l’UE ne peuvent l’ignorer; simplement parce que ce résultat est un vote de défiance contre l’intégration européenne ; il claque comme un coup de fouet à travers l’Union ; il constituera une grande aide aux partisans du Brexit, qui militent pour la sortie de la Grande-Bretagne hors de l’UE lors du prochain référendum de Juin. Et enfin c’est surtout un cadeau tout à fait bienvenu pour le président russe Vladimir Poutine, qui cherche plutôt une UE affaiblie et divisée. On peut être frappé aussi du paradoxe de ce vote négatif alors que les Pays-Bas ont vécu douloureusement le drame du vol MH17, abattu en juillet 2014 au-dessus de l’Ukraine, par un missile venant des zones pro-russes; plus de 190 passagers néerlandais y avaient trouvé la mort.
Le vote néerlandais a une signification particulière. Les Pays-Bas est l’un des 6 membres fondateurs de l’UE , connu pour ses valeurs libérales, résolument tourné vers l’Ouest; mais ces dernières années, il a donné naissance à des mouvements anti-immigrants et anti-UE , qui combinés visent à rejeter toute perspective pour leur pays dans l’Europe.
L’UE, devant ratifier l’accord avec l’Ukraine à l’unanimité, se voit maintenant contrainte de trouver une clause particulière pour les Pays Bas; à court terme, cet accord comportant un important volet commercial mais aussi politique, ayant déjà été approuvé par le Parlement européen et les 27 autres pays de l’Union, est entré en vigueur de manière « provisoire » le 1er janvier 2016 ; certes le « provisoire » ne pourra pas durer éternellement. Ce serait extrêmement dommageable pour le mouvement pro-réforme en Ukraine, qui a besoin de cet accord pour renforcer sa position et poursuivre la modernisation du pays.
De fait, avec la suite inquiétante des attentats, la crise migratoire qui met au jour de profondes divergences entre ses membres, l’Union donne l’image d’une construction politique tentant avec grande difficulté d’assurer la sécurité et la prospérité économique à ses citoyens. Une série d’initiatives motrices de certains de ces membres fondateurs est plus que jamais nécessaire pour reprendre une vitesse de croisière après cette zone de turbulences ininterrompues.







Lire aussi :
>>> Un non de très mauvais augure pour l’UE   Contexte  
>>> Quelles conséquences après le référendum néerlandais ?   LeMonde
>>> Ceux qui ne comprennent pas que le conflit ukrainien est un test pour l’Union européenne ne réalisent pas que l’UE est déjà en train de se faire attaquer par la Russie, a déclaré Pavlo Klimlin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, dans une interview exclusive avec EurActiv.

>>> Les Néerlandais rejettent massivement le traité d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine  FondationRobertSchuman

>>> Le «non» des Pays-Bas «attriste» Juncker
La consultation organisée mercredi aux Pays-Bas sur l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine (en résumé, un traité de libre-échange) n’avait certes aucun caractère contraignant, à l’inverse du référendum à venir en Grande-Bretagne. Mais la victoire écrasante du « non », à 61,1 %, inflige une nouvelle claque au projet européen, dans l’attente – anxieuse à Bruxelles – du vote britannique du 23 juin.
« Les gens ont voulu dire que l’Ukraine est un pays trop corrompu pour que l’on signe un accord avec lui. Ils ont aussi voulu dire que l’Europe n’est là que pour les élites et les multinationales », a réagi Roemer dans la soirée
Dans un entretien au site d’info spécialisé EU-Observer, l’universitaire néerlandais Claes de Vreese insiste sur l’extrême variété des motivations qui ont conduit à la victoire du non – ce qui constitue un point commun entre le référendum de 2016 et la consultation sur le TCE de 2005. « Tous les électeurs du non n’ont pas voulu sanctionner le gouvernement en place. Ils ne veulent pas tous fondamentalement sortir de l’UE. Ils ne sont pas tous en désaccord avec la manière dont l’UE gère la crise des réfugiés », assure ce chercheur. « Mais c’est un mélange de tout cela. »      Mediapart

>>> Schengen, libre circulation des europhobes et des populistes.
La leçon néerlandaise est terrible: il existe désormais une union des Européens en pleine expansion, celle des farouches adversaires de Bruxelles. Leur nouvelle Internationale: "Europhobes de tous les pays, unissez-vous!"   L'Express



Brexit & referendums




Si le Royaume-Uni quitte l'UE, il y aura 2 perdants et un gagnant.
Deux perdants : l'UE (et tous les pays qui la composent) et le RU (et, plus globalement, l'occident)
Un gagnant : la Russie poutinienne, ennemi de l'Europe, qui se réjouira d'une UE affaiblie et fissurée, comme elle s'est déjà réjouit du "non" néerlandais.

Or, l'hypothèse du Brexit est très plausible, le climat général en Europe étant à la défiance. Plusieurs signes : le haut score électoral des europhobes au RU (plus généralement, les populistes ont le vent en poupe dans de nombreux pays de l'UE), le non néerlandais, la crise des migrants, l'immigration, la faiblesse et les dysfonctionnements de l'UE (qu'il ne faut pas nier. Cf ci-dessous l'entretien d' Elisabeth Lévy).


Pourquoi peut-on dire que tous les pays de l'UE seraient perdants en cas de Brexit ?
Ecoutons cette émission de FranceCulture :




Bref, comme le souligne Nikolaus Meyer-Landrut, Ambassadeur d'Allemagne en France, "Aucun Etat membre, qu'il soit grand ou petit, ne peut faire face seul aux problèmes et aux défis actuels".

 Quand on parle de l'UE, il est assez difficile, pour le grand public, de mettre un ou des visages représentant l'Europe. Pourtant, connaître les visage de l'UE, c'est, aussi, un moyen d'apprendre à connaître l'UE, et peut-être, d'apprendre ce qu'elle fait, et à quoi elle sert. Alors, voici 6 personnes représentatives de l'Union (montage de telepgraph.co.uk)


Le Who's who de l'Union européenne


1. Jean-Claude Juncker
President of the European Commission, the EU’s executive arm. Former Prime Minister of Luxembourg for 18 years. Federalist and bon viveur
2. Donald Tusk
President of the European Council, the summit of 28 member states. Tough former Polish Prime Minister, still finding his feet in Brussels
3. Frans Timmermans
First Vice President of the European Commission. Former Dutch foreign minister. Realist who embraces Britain’s desire for greater competitiveness and less ideology
4. Martin Schulz
President of the European Parliament. Veteran German socialist and furious critic of Cameron’s renegotiation
5. Mario Draghi
Powerful Italian president of the European Central Bank and former Goldman Sachs banker. His institution was criticised for pushing Greece to the brink of a euro exit this summer
6. Federica Mogherini
High Representative, the EU’s foreign secretary. Former Italian socialist foreign minister.

http://www.telegraph.co.uk/news/2016/04/09/bash-brussels-if-you-must-but-remember-those-who-died-under-the/

 
Peut-être faudrait-il, pour l'UE, un président élu par les européens, au suffrage universel direct, pour 5 ou 7 ans ? Peut-être cela sera-t-il mis en place pour un petit cercle de l'UE, celui s'engageant vers une Europe intégrée ? Cela a déjà été proposé, notamment par les fédéralistes. Mais on en est resté à "l'idée". Et en attendant, les faiblesses de l'UE éclatent à chaque crise : migrants, Russie, attentats islamistes. Alors, plutôt que d'être dans le dénis mieux vaut voir la réalité en face, pour mieux résoudre les problèmes.


Les faiblesses de l'UE : 1 Entretien avec Elisabeth Lévy, paru dans leFigaro)
(Thèmes : Immigration, islamisation, frontières, sécurité)
A l'occasion de la parution du dernier numéro de la revue Causeur [Dans son numéro d'avril, Terrorisme, immigration, Frontière, l'Europe désarmée, le magazine revient sur les attentats de Bruxelles et la crise des migrants], Elisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Elle y décrypte les raisons profondes de la déliquescence de l'union européenne sur fond de terrorisme et de crise des migrants.
Votre dernier numéro s'intitule, Terrorisme, immigration, Frontière, l'Europe désarmée. Comment en est-on arrivé là?
Oups, vaste question, si on considère que nous observons aujourd'hui l'aboutissement de politiques - ou plutôt de non-politiques - menées depuis trente ans. Au niveau des élites, c'est une conjugaison de lâcheté, d'aveuglement idéologique, de calculs et de bons sentiments qui a abouti à ce désastre: une immigration incontrôlée dont plus personne ne peut dire qu'elle est une chance pour la France, l'échec de l'intégration pour une grande partie des enfants de cette immigration, le refus de voir la montée d'un islam intolérant et séparatiste en même temps que celle d'un sentiment anti-français. Sans oublier la responsabilité du Front national de Jean-Marie Le Pen qui a donné une coloration raciste à toute critique sur ce sujet.
Et qu'est-ce l'Europe a à voir dans tout ça?
Il se trouve qu'on a cru se débarrasser des servitudes de la souveraineté en confiant les clés à l'étage supérieur, c'est-à-dire à Bruxelles. Or, l'immigrationnisme est au cœur du rêve européiste. Comme l'a magnifiquement montré Alain Finkielkraut, l'Europe ne veut exister qu'en cessant d'exister pour accueillir. Et comment résister à la séduction des mots «ouverture», «accueil», «hospitalité»?
Résultat, la politique migratoire est décidée par l'Allemagne seule - dans un jeu de poker menteur avec la Turquie. Sur le plan de la sécurité, c'est un fiasco. Nous avons démantelé les frontières nationales et les frontières européennes ne sont pas défendues. On nous dit que la coopération anti-terroriste est, elle, efficace. Outre que ses résultats visibles ne sont pas évidents, elle relève encore de la coopération entre Etats, pas de l'usine à gaz européenne.
Mais tout cela, les peuples l'ont accepté!
Oui, sauf quand ils l'ont refusé et que ça n'a rien changé… Cependant, il serait trop facile, en effet, d'oublier notre responsabilité collective. Nous avons cru bénéficier des bienfaits de la mondialisation - l'i phone au prix du travail chinois -, sans en payer le prix. Nous avons aussi cru que le monde post-national serait un monde soft, cool, où on changerait d'identité comme de chaussures, mais les identités des autres se sont révélées moins cools que la nôtre, toujours prête à expier ses crimes réels ou supposés. Ravis de notre grande salle de gym, comme le disait Peter Sloterdijk, nous n'avons pas voulu voir que le choc des cultures se déroulait dans nos territoires perdus. Et par-dessus tout, nous avons cessé de chérir et de transmettre notre culture et notre histoire, l'une et l'autre entachées peur leur ethnocentrisme supposé. Bref, je dirais que sur bien des plans, nous avons préféré des maîtres riches et lointains à la liberté. Et nous nous retrouvons avec des adjudants tatillons et radins qui se mêlent de tout, nous imposent des règles absurdes pour nous nourrir ou nous habiller et nous obligent à garder l'arme au pied face au danger!
Vous liez immigration, salafisation et terrorisme. Sans vouloir jouer les «rienàvoiriste», cela ressemble à un raccourci …
Il faut s'empresser de préciser que le lien entre migrants et terroristes n'est pas individuel, même si quelques futurs meurtriers - qui passeraient de toute façon - se glissent dans le flux. C'est une affaire de cercles concentriques. Le djihadisme se nourrit du salafisme qui se nourrit d'un certain islam en ascension en Europe, qui se nourrit d'une immigration massive et subie que nous n'avons pas su intégrer, préférant adopter subrepticement un multiculturalisme qui consiste à ne demander aucun effort d'adaptation aux arrivants.
Au-delà de l'échec de l'Europe, les attentats de Bruxelles marquent donc celui du multiculturalisme?
Ceux qui ont attendu les attentats de Bruxelles pour admettre que le multiculturalisme a échoué ne l'admettront jamais. En réalité, il ne marche même pas dans les pays où il est la règle, comme l'ont reconnu aussi bien Angela Merkel que David Cameron. La preuve de cet échec, ce ne sont pas les attentats, c'est l'installation, dans les sociétés européennes, d'un islam rigoriste, intolérant, coercitif pour les membres du groupe et séparatiste par rapport au reste de la société. En France, l'idée que toutes les cultures doivent avoir en quelque sorte voix égale dans l'espace public, qui est à la base du multiculturalisme, nous a amenés à fermer les yeux sur de nombreuses transgressions à la laïcité ou aux valeurs communes en général. Nous avons installé des groupes, parmi lesquels une partie des musulmans de France dans le ressentiment victimaire et la conviction qu'on leur devait réparation. Et nous ne leur avons jamais demandé de «changer de généalogie» pour devenir français, comme le dit joliment Malika Sorel. Tous les Français d'origine, de culture ou de confession musulmane qu'on voit aujourd'hui défendre la laïcité et dire leur amour de la France n'ont pas été nourris au multiculturalisme mais à l'amour du modèle républicain.
Vous écrivez, «il est significatif que ce soit la crise migratoire, et non pas les tensions monétaires et financières, qui ait eu la peau de l'unité européenne. Une fois de plus, les questions identitaires sont bien plus existentielles que les problèmes économiques.». La libre-circulation des capitaux et des marchandises va de pair avec celle des personnes et votre ami Finkielkraut évoque justement l'alliance de Mediapart et du Medef. Les questions économiques et identitaires ne sont-elles pas au contraire liées?
Feu mon ami Philippe Cohen définissait l'idéologie sans-frontiériste par cette boutade: la Bundesbank plus les sans-papiers - aujourd'hui on dirait la BCE plus les migrants. Donc, vous avez raison, il y a bien un lien entre les deux, de même qu'il est clair que le chômage aggrave la crise de l'intégration. Cependant, l'ascension sociale n'immunise pas contre la sécession culturelle. Plus largement, je crois en effet que les questions identitaires sont existentielles: nous pouvons vivre avec plus ou moins d'impôts, de fluidité sur le marché du travail et même de chômage. Mais nous ne pouvons pas vivre sans roman national.
Que vous inspire le nouveau «non» néerlandais à un accord d'association avec l'Ukraine …
C'est un vote de défiance qui s'adresse sans doute moins à l'Ukraine qu'à l'Europe elle-même et à tout ce qu'elle propose. Personne ne veut la voir grossir encore alors qu'on ne peut plus cacher que l'hydre à 27 têtes née de l'élargissement est rendue impotente par son obésité. D'après le sondage que nous publions, un Français sur trois choisirait de quitter le bateau européen si on leur posait la question. Et il y aurait une majorité pour en finir avec les accords de Schengen, c'est-à-dire pour revenir aux frontières nationales.
Vous annoncez la chute de l'Europe comme la chute de l'empire romain. Ne sous-estimez-vous pas la résistance des eurocrates?
D'abord, Rome ne s'est pas défaite en un jour. Nous ne croyons pas que l'Union européenne va s'auto-dissoudre solennellement, ni même qu'elle va disparaître. Dans tous les cas on sauvera les apparences, comme on le fait aujourd'hui en psalmodiant la ritournelle du couple franco-allemand alors qu'il va à vau l'eau comme le montre Luc Rosenzweig dans Causeur. Il n'y a pas de couple mais un seul patron: l'Union fonctionne comme un Empire, avec un centre qui impose son agenda et ses intérêts à ses provinces. La révolte des vassaux a déjà commencé à l'Est sur la question migratoire. Elle couve ouvertement à l'Ouest avec l'accord arraché par David Cameron comme prix de son opposition au Brexit.
Vous annoncez aussi le retour de l'Etat-nation. Là encore, n'allez-vous pas vite en besogne? Et si tel était le cas, existe-t-il un risque d'un mouvement de balancier brutal? Après la négation des identités nationales, faut-il craindre le retour du refoulé nationaliste?
La plupart des gens ne tiennent pas à ce qu'on renverse la table, ils veulent d'une part être protégés, d'autre part avoir le sentiment de peser sur leur destin collectif - ce qui suppose d'en avoir un. Or, à l'évidence, nous n'avons pas cet horizon commun avec tous les pays de l'UE, sinon sous la forme d'une adhésion aux valeurs libérales qui nous rapproche aussi bien des Américains. C'est pourquoi nous avons besoin de savoir que les commandes nationales répondent de nouveau. Comme le montre le reportage de Daoud Boughezala, il y a aujourd'hui un renouveau du souverainisme dans lequel se retrouvent beaucoup de jeunes talentueux de droite et de gauche. Et ce n'est pas un hasard si on y croise beaucoup de Français de souche récente. C'est précisément si les Etats ne prennent pas en charge l'aspiration des peuples à retrouver leurs marques comme nations qu'il y aura un retour du refoulé nationaliste.

 Les faiblesses de l'UE : 2 Entretien avec  Jean-Dominique Giuliani, paru dans LaCroix)
(Thème : menaces russes et menaces islamistes)
 « L’Europe a été trop faible en acceptant l’annexion de la Crimée »

La croix   : Quelles leçons les Européens peuvent-ils tirer de la crise ukrainienne ? 
 Jean-Dominique Giuliani : L’Europe a manqué de réflexion de fond et a agi un peu mécaniquement dans un domaine, la politique étrangère et de sécurité, qui relève encore largement des États et donc des relations intergouvernementales.
L’Union européenne s’est engagée dans un partenariat généreux avec l’Ukraine en ne tenant pas compte de la relation avec la Russie. Elle porte ainsi une responsabilité dans les événements, même si c’est la Russie qui a transgressé le droit international en violant les frontières, l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un pays voisin.
 La révolution ukrainienne ne montre-t-elle pas que l’Union européenne est d’une certaine  façon expansionniste ? 
 J.-D. G. : L’Europe attire ! Aujourd’hui, 42 % des visas octroyés par l’espace Schengen le sont à des citoyens russes ! L’Europe reste le cœur battant du monde, avec son modèle de développement économique et social, son rapport à la culture, à l’histoire, son respect des droits fondamentaux pour tous.
Mais elle n’est pas un empire avec des prétentions territoriales. Son projet est pacifique, privilégiant le développement humain, misant sur les solidarités entre les États et au sein des États.
 Quelle attitude développer vis-à-vis de la Russie ? 
 J.-D. G. : L’Europe a intérêt à avoir une relation forte avec la Russie. Mais c’est très difficile avec les autorités actuelles, dont le projet est de reconstruire, en quelque sorte, l’Union soviétique. Comment lui faire comprendre que ce n’est plus possible ? Manifestement, l’Europe n’y est pas parvenue, malgré beaucoup de bonne volonté.
Et l’alliance atlantique rapproche naturellement les démocraties occidentales autour de leurs valeurs. Est-ce qu’on peut accepter les prises de gage territoriales, les transgressions du droit international ? Non, et quelles qu’en soient les raisons. L’Europe a été trop faible, les États-Unis aussi, au début de la crise, en acceptant l’annexion de la Crimée par la Russie comme elle avait accepté en 2008 l’annexion d’une partie de la Géorgie.
Il aurait fallu montrer plus fortement que c’était inacceptable. L’Histoire nous enseigne qu’il faut savoir dire stop à de tels manquements au droit international. Aujourd’hui, on ne voit pas pourquoi la Russie s’arrêterait.
 Les institutions européennes sont-elles trop faibles ? 
 J.-D. G. : Elles n’ont encore ni la légitimité, ni les moyens de peser en matière de politique étrangère et de défense. C’était notamment à la France et à l’Allemagne d’aller à Moscou pour défendre nos amis ukrainiens et trouver un modus vivendi.
Mais je mets plus d’espoir dans la nouvelle Commission de Jean-Claude Juncker. Expérimenté, il sait qu’en politique internationale, tant qu’on en est à ce stade de développement de l’Europe, il faut partir des intérêts nationaux pour forger des intérêts communs dans une réflexion stratégique de long terme. Il veut en outre placer sous une autorité unique tous les moyens financiers destinés à l’aide extérieure – soit plus de 8 milliards d’euros par an.
 La crise ukrainienne va-t-elle provoquer un sursaut ? 
 J.-D. G. : Il y a un avant et un après l’Ukraine. Les Européens s’aperçoivent que les menaces sont plurielles, parfois diffuses, imprévues ou lointaines. Et que seule la solidarité permet d’avoir une réponse crédible.
En paix depuis soixante-dix ans, les Européens pensent qu’ils n’ont plus d’ennemis. La crise ukrainienne, le djihadisme montrent que, hélas, si. Et qu’il faut vraisemblablement manifester notre disponibilité à nous battre pour ne pas avoir à faire la guerre.
On retrouve cette interrogation dans les réflexions du pape François. Si les Européens continuent à désarmer, ils risquent d’être entraînés dans des conflits beaucoup plus graves.
 La tendance au repli constatée dans les pays européens aura-t-elle des conséquences  à l’extérieur ? 
 J.-D. G. : Le monde est entré dans une phase de régression nationaliste. Le Japon, l’Inde, la Russie se sont dotés de dirigeants nationalistes. La Chine sait y recourir quand elle en a besoin. Il y a aux États-Unis des mouvements isolationnistes. Cela est dû à l’accélération de la mondialisation, qui est positive dans la mesure où elle a sorti des centaines de millions de gens de la pauvreté, mais qui crée des angoisses.
L’Europe, face à elle, semble, à certains, faire preuve d’une grande naïveté. Mais c’est le contraire ! Elle garde un tel pouvoir d’attraction qu’avec un sursaut, elle peut pour longtemps figurer parmi les deux ou trois principales puissances du monde. Notre modèle n’est pas si mauvais, quelles que soient les améliorations qu’il nécessite.
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REPÈRES

Jean-Dominique Giuliani préside la Fondation Robert-Schuman (http://www.robert-schuman.eu/fr/), un centre de recherche sur l’Union européenne, favorable à la construction européenne. Présidentd’une société de consultants, il a été directeur de cabinet de René Monory lorsque celui-ci était président du Sénat (1992-1998).
Il a publié au printemps Pourquoi et comment l’Europe restera le cœur du monde,(Lignes de repères, 198 p., 12 €). Il a codirigé L’Atlas permanent de l’Union européenne (Lignes de repères, 2012, 175 p., 20 €).
RECUEILLI PAR JEAN-CHRISTOPHE PLOQUIN , LaCroix



Le débat sur le Brexit portera sur l'immigration, la sécurité, l'économie. Autant de questions sur lesquelles l'Union s'en endormie pendant trop longtemps.
Mais le débat devrait aussi, dans un monde totalement différent de celui du siècle dernier, porter sur des questions géopolitiques. Aujourd'hui, le monde s'organise en grands blocs quas-continentaux : Chine, Russie, Etat-Unis, Inde... Il n'est plus celui des colonies. Ni françaises, ni anglaises. Il n'est plus celui des "30 glorieuses" , ces années fastes qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Dès lors, il faut s'adapter au monde tel qu'il est. Ou bien disparaître de la scène internationale.


Savoir qui sont nos partenaires, nos alliés, nos ennemis

Personne n'est dupe. On sait très bien que la propagande anti-UE a des moyens énormes, et on sait bien qui finance, en grande partie, cette propagande. L'Europe a identifié son ennemi mais n'a pas encore réussit à le contrer, par manque de moyen, ou peut-être par faiblesse. Pourquoi devrait-on laisser la liberté d'expression à des médias russes qui véhiculent mensonges et contre-vérités, qui instrumentalisent et propagent la peur, qui sont les relais d'un dictateur liberticide, bref qui oeuvrent contre l'UE ? Pourquoi l'UE ne ferait-elle pas preuve de fermeté en interdisant ces médias et en interdisant les financement russes de médias européens ?
Ne pas faire bloc - certains voudraient même trahir les valeurs de l'Europe - est le meilleur moyen de favoriser notre ennemi. Il est regrettable de ne pas entendre plus d'européen comme Guy Verhofstadt.

De plus, il est parfois créé une "fracture" artificielle entre Europe de l'ouest et Europe de l'est. En particulier, il est frappant de constater que les pays de l'ouest seraient favorables à l'immigration extra-européenne alors que l'est ne l'est pas. (FondationSchuman). Cette "fracture" n'existe pas entre les populations européennes : il n'est qu'à constater les résultats des élections en Europe de l'ouest, qui montrent que les européens de l'ouest, comme ceux de l'est, ne sont pas favorables à l'accueil d'immigrés extra-européens.

Malgré tout, il existe quelques espoirs, même si ceux-ci ne font pas les gros titres des journaux. Et si Elisabeth Lévy a souligné que l'Empire romain ne s'est pas défait en 1 jour, on pourra aussi noter qu'il ne s'est pas fait en 1 jour. Or le projet européen est loin d'avoir été fait.


Vers un renouveau européen ?

D'abord, les partis pro-UE sont loin d'être enterrés :
>>> Le groupe politique de l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe (ADLE) unie autour de Guy Verhofstadt enregistre 13% (+2 points) d’intention de vote : un score historique comme lors du précédent sondage de janvier. Le parti politique se positionne très clairement en faveur du projet européen et réclame une intégration plus approfondie de l’Union européenne. (Taurillon  , 12 mars 2016 )  

Ensuite, de grands travaux sont enfin lancés. Espérons que ce ne soit pas trop tard, et qu'ils portent rapidement leurs fruits. Un exemple de toute première importance : l'idée d'une armée européenne semble sur les rails :
>>> Le PPE donne son feu vert à une armée européenne   (Euractiv, 19 oct 2015)
>>> Berlin, Paris et Rome prêts pour le drone européen   (Euractiv, 19 mai 2015)
Bien d'autres travaux sont à mener, comme l'Union de l'énergie  
>>> [Revue de presse] Référendum britannique : 4 pays opposés au Brexit, l'incertitude demeure en Europe  Touteleurope   


Enfin, concernant les voisins de l'UE, notamment la Turquie, il faut tenir compte du fait que l'UE se construit aussi selon une identité européenne (dont les frontières sont une composante importante). La Turquie étant, géographiquement, à 99% hors du continent européen, et n'étant pas de culture judéo-chrétienne, ne pourra pas être membre à part entière de l'UE. La notion de "partenariat privilégié" doit donc être une alternative à l'adhésion




Conclusion
Des frontières, une armée, une Europe stable, puissante, sûre d'elle-même, une Europe solidaire qui sait faire bloc. Et une Europe qui écoute les peuples qui la composent. Voilà comment l'on pourra réconcilier l'UE avec les européens.




 Lire aussi :
>>> Dossier thématique : immigration  (FondationSchuman)
>>> Les relations UE / Royaume-Uni  (FondationSchuman)
>>> L'inaction a parfois un coût bien  pire que l'action (FondationSchuman)
la question 6 :
La Russie est le dernier acteur d'importance à s'être engagé directement sur le terrain et le soutien le plus fort au régime d'Assad avec l'Iran. Les intérêts russes sont à la fois économiques (la Syrie est l'un des principaux débouchés pour ses ventes d'armes) et stratégiques puisque c'est en Syrie que se trouve le port militaire de Tartous, principale base de projection pour l'armée russe au Moyen-Orient. Bien qu'elle affirme vouloir faire reculer l'Etat islamique, il semble que les frappes aériennes russes ciblent les rebelles de l'armée syrienne libre, premier ennemi de Bachar el-Assad. Dans le même temps, les Etats-Unis ont entraîné et financé les mêmes rebelles mais pour combattre prioritairement l'Etat islamique. Voyez-vous dans cette confrontation d'intérêts le symbole d'une nouvelle "Guerre froide" entre l'Est et l'Ouest ?
>>> Pourquoi et comment l'Europe restera le coeur du Monde - Petit Traité d'optimisme (FondationSchuman)
>>> Le Trésor britannique alerte sur les dangers économiques et financiers du « Brexit »  LeMonde
>>> Le Royaume Uni appauvri pour toujours par un Brexit LeFigaro

>>> Corbyn sort du silence pour défendre le maintien dans une UE « protectrice »

Longtemps silencieux, le leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a formellement appelé jeudi les Britanniques à voter en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, qui protège « travailleurs, consommateurs et l’environnement ». « Le Labour est majoritairement en faveur d’un maintien parce que nous estimons que le projet européen a apporté emplois, investissement et protection aux travailleurs, aux consommateurs et à l’environnement », a souligné M. Corbyn à Londres lors de son premier grand discours sur l’Europe à l’approche du référendum du 23 juin.

« Le Labour est convaincu qu’un vote pour le maintien est dans l’intérêt de la population de ce pays. […] La Grande-Bretagne sera plus forte si nous coopérons avec nos voisins », a-t-il ajouté, évoquant notamment le changement climatique, la menace terroriste, le vieillissement de la population, la crise des réfugiés ou encore la protection des emplois et des salaires « face à la pression mondialiste ».

Un appui déterminant

Le discours de Jeremy Corbyn, qui avait voté contre l’adhésion du Royaume-Uni à l’UE lors du référendum de 1975, était très attendu par les partisans d’un maintien dans l’Union.
Alors que le premier ministre conservateur, David Cameron, multiplie les sorties pour alerter sur les dangers d’un « Brexit », le leader de l’opposition a mis du temps à s’engager et à défendre la ligne officielle pro-UE de son parti. Or même prononcé du bout des lèvres, son appui est déterminant pour M. Cameron si celui-ci veut gagner son pari, alors que les sondages annoncent un résultat serré.

Des voix se sont élevées du sein même du Parti travailliste pour que Jeremy Corbyn montre un peu plus d’enthousiasme européen, afin notamment de mobiliser l’électorat de gauche dont une large part pourrait s’abstenir le 23 juin.
Jeudi, Jeremy Corbyn a rappelé qu’il restait « très critique » par rapport au projet européen qui « manque de représentation démocratique » et qui a « besoin de changer », notamment sur le plan social. « Mais le changement ne peut arriver que si nous travaillons avec nos alliés au sein de l’UE », a-t-il souligné, estimant qu’il était « parfaitement possible d’être critique de l’UE tout en étant persuadé qu’il fallait en rester un membre ».     LeMonde










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ADDENDUM 

L'annexion de la Crimée : leçons pour la sécurité européenne

22/02/2016 Résumé :
La question de la Crimée, illégalement annexée par la Russie en mars 2014, a ressurgi à nouveau, à l'automne 2015, dans l'actualité de la politique mondiale à la suite du lancement d'un blocus massif de la Crimée par des militants tatars et des membres de bataillons de volontaires. Cela d'autant plus que, depuis fin novembre, la péninsule connaît des coupures d'électricité, d'abord totales, puis partielles, conséquences de la destruction des quatre lignes qui fournissaient la Crimée en électricité depuis l'Ukraine.
Dans le contexte actuel de guerre dans l'Est de l'Ukraine, la question de la Crimée est, sans doute, devenue secondaire, mais rappelons que, dans l'Europe d'après-guerre, la péninsule représente actuellement un cas unique où, en temps de paix, un Etat a occupé et annexé une partie du territoire d'un autre Etat, brisant ainsi tous les accords internationaux et intergouvernementaux existants.

La Crimée, péninsule de 2 millions d'habitants d'une superficie de 27 000 km², est une région qui, au vu de son histoire, a toujours eu ses propres spécificités nationales et culturelles, ses habitants étant toujours porteurs de différentes identités ethniques et religieuses.

Les parlementaires français, qui se sont rendus durant l'été 2015 en Crimée, ainsi que d'autres partisans de l'annexion de la péninsule, se réfèrent constamment à deux arguments principaux pour justifier cette annexion : les mêmes arguments que le Kremlin a utilisés dans son propre pays pour présenter le referendum de mars 2014 comme un évènement tout à fait logique.

Tout d'abord, selon le Kremlin, la péninsule est un territoire historiquement russe. Pourtant, du point de vue historique, la Crimée a été habitée par une centaine de peuples au long des siècles : des Cimmériens [1] aux Krymchaks [2], son territoire a été sous le contrôle de nombreux empires, de l'Empire romain à l'Empire ottoman. Et c'est seulement en 1783 que l'Empire russe a conquis cette région, qui n'a finalement été russe, sous différents statuts, qu'un siècle et demi. Ce n'est qu'à la suite des nombreuses déportations des peuples habitant la Crimée, organisées par les pouvoirs russes successifs, que les Russes sont devenus, de façon artificielle, la majorité ethnique de la péninsule. A partir de 1944, le régime totalitaire de l'Union soviétique a déporté les Tatars, Tsiganes, Arméniens, Bulgares, Grecs, Italiens. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule de Crimée avait ainsi perdu les deux tiers de sa population.

L'autre argument constamment employé pour légitimer cette annexion est l'histoire du soi-disant "cadeau" par laquelle Nikita Khrouchtchev, en 1954, aurait seul décidé d'offrir la Crimée à l'Ukraine. En réalité, Khrouchtchev n'a jamais été le décisionnaire exclusif de l'Etat soviétique : il était premier secrétaire du Parti communiste, tandis que le poste de Président du présidium du Soviet suprême était occupé par Kliment Vorochilov et le pouvoir exécutif était dirigé par le président du Conseil des ministres, Gueorgui Malenkov. La décision de transférer la Crimée a été prise collectivement par les organes politiques soviétiques. Les modifications correspondantes ont ensuite été ajoutées aux Constitutions de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) et de la République socialiste soviétique d'Ukraine (RSSU). A la suite de l'indépendance de l'Etat ukrainien, plusieurs ont été adoptés et ont consolidé l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières de l'Ukraine.

Mais quel but les dirigeants soviétiques poursuivaient-ils en transférant la péninsule à l'Ukraine? La Crimée n'a pas été la seule région à subir un destin similaire au sein de l'URSS. La Transnistrie, région historiquement ukrainienne, a été transférée à la République socialiste soviétique de Moldavie ; le Haut-Karabagh, région historiquement arménienne, a intégré la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan ; l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sont devenues une partie de la République socialiste soviétique de Géorgie. Les historiens suggèrent différentes lectures de ces décisions du pouvoir soviétique, comme par exemple la création artificielle d'enclaves dans les Républiques soviétiques pour neutraliser de possibles tendances nationalistes. Mais un fait ne soulève aucun doute dorénavant : toutes ces régions restent des territoires à problèmes et servent de moyens de manipulation dans les projets impériaux de la Russie.
La flotte de la mer Noire

Suite à l'éclatement de l'URSS, l'un des principaux problèmes dans les relations russo-ukrainiennes a été la question de la péninsule de Crimée et de la flotte russe qui y était stationnée.

En 1992, la Crimée est devenue la République autonome de Crimée au sein de l'Etat ukrainien, en possédant ses propres Parlement et Conseil des Ministres.

En même temps, dès 1992, la Douma, chambre basse du Parlement russe, a adopté une résolution concernant les décisions prises en 1954 sur le rattachement de la Crimée à l'Ukraine : les députés russes ont abordé la question de la légitimité de ce transfert et la nécessité de discuter du statut de la péninsule et de la ville de Sébastopol de façon bilatérale. Les années suivantes ont été marquées par la montée des tensions sur la question de la Crimée. La confrontation s'est terminée par la signature à Kiev, le 31 mai 1997, du Traité d'amitié, de coopération et de partenariat entre la Russie et l'Ukraine, lors de la première visite officielle du président russe, Boris Eltsine, en Ukraine. Le traité a fixé l'intégrité territoriale des deux Etats : l'article 2 stipule que "Les hautes parties contractantes, en conformité avec les dispositions de la charte des Nations Unies et des obligations en vertu de l'acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe respectent l'intégrité territoriale de l'autre et affirment l'inviolabilité de leurs frontières existantes" [3]. Dans le cadre de précédentes tentatives pour remettre en question l'appartenance de la Crimée et de Sébastopol à l'Ukraine, ce traité a eu une importance fondamentale. Au même moment, les deux parties ont signé une déclaration commune sur le sort de la flotte de la mer Noire : la base navale de la marine russe restait à Sébastopol, grâce à un bail de 20 ans renouvelable qui court jusqu'en 2017. Ainsi la flotte russe et la flotte ukrainienne ont eu chacune leur quartier général dans la ville. Les accords sont rentrés en vigueur le 6 juillet 1999.

Avec l'arrivée au pouvoir du président ukrainien, Viktor Yanoukovitch, connu pour ses positions pro-russes, la situation de la flotte russe sur le territoire ukrainien a radicalement changé. Dans les deux mois de son investiture, V. Yanoukovitch a signé l'accord de Kharkov, prévoyant le maintien de la flotte russe de la mer Noire dans le sud de l'Ukraine jusqu'en 2042 en échange de rabais importants sur le gaz russe. Le gouvernement précédent avait proposé à la Russie un plan d'évacuation des forces militaires russes de Crimée après 2017. Pour Moscou, beaucoup plus que pour Kiev, cette prolongation représentait un intérêt considérable. Durant la guerre russo-géorgienne de l'été 2008, la base russe de Sébastopol s'était révélée stratégique. Afin de bloquer des ports géorgiens et d'empêcher la livraison d'armes à la Géorgie, Moscou avait envoyé dans les eaux géorgiennes une escadre, dirigée par le croiseur lance-missiles "Moskva", malgré l'opposition de l'Etat ukrainien.
Les mécanismes de l'annexion

Les évènements en Ukraine de l'hiver 2013-2014, suite à la suspension de l'accord d'association avec l'Union européenne en novembre 2013 par le président ukrainien, ont sans doute été un signal d'alarme pour le Kremlin. Le renversement du pouvoir pro-russe à Kiev le 22 février 2014 a mis en danger tous les projets des dirigeants russes concernant l'Ukraine: l'Union eurasienne et le destin incertain de la flotte russe de la mer Noire. L'absence de stabilité politique en Ukraine a créé des conditions idéales pour que Moscou puisse conquérir la Crimée.
Le 27 février 2014, les unités spéciales russes ont pris le contrôle des bâtiments stratégiques de la péninsule, y compris les bâtiments du Parlement de la République autonome de Crimée. Durant le mois suivant, les Russes ont pris le contrôle total des installations stratégiques des infrastructures civiles et militaires, en bloquant les unités militaires ukrainiennes. Les occupants portaient des uniformes sans emblèmes nationaux ni insignes militaires ; ils ont ainsi été surnommés par la population locale "les petits hommes verts". Sachant que les évènements se sont déroulés très rapidement et que le Kremlin a envoyé des forces spéciales russes extrêmement bien entraînées, les commandants de l'armée ukrainienne sur la péninsule ont été tout simplement pris par surprise et n'ont pas pu riposter sans l'intervention des militaires de l'Ukraine continentale. Kiev a pris la décision de ne pas envoyer de forces supplémentaires en Crimée comprenant que la contre-attaque de l'armée ukrainienne provoquerait immédiatement un affrontement militaire d'une grande ampleur avec la Russie. Les Ukrainiens venaient tout juste de vivre les tragiques évènements de "la Révolution de la Dignité" et n'étaient pas prêts à revivre des pertes humaines.

Le référendum portant sur le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie a été organisé en deux semaines et s'est tenu le 16 mars 2014. Les résultats ont été annoncés le lendemain : 96,6% de "oui" au rattachement à la Russie avec un taux de participation de 82%. D'après la déclaration de Moustafa Djemilev, chef de file du Mouvement national des Tatars de Crimée, le taux de participation n'aurait été que de 32,4%. Le même jour, le Parlement de Crimée a proclamé l'indépendance de la péninsule et demandé son rattachement à la Russie. Le processus d'annexion a abouti officiellement, le 21 mars 2014, dans un processus législatif accéléré. Lors d'une cérémonie au Kremlin, Poutine a signé la loi créant deux nouvelles entités administratives russes : la Crimée et la ville portuaire de Sébastopol. Le Conseil de la Fédération, la chambre haute du parlement russe, et la Douma, la chambre basse, avaient ratifié peu auparavant le traité sur le rattachement. Le 15 avril 2014, le Parlement ukrainien (Verkhovna Rada) a reconnu la Crimée comme territoire temporairement occupé.

Malgré toutes les accusations, Moscou a nié la présence de militaires russes sur la péninsule ; mais un mois après le referendum, lors d'une "ligne directe avec le peuple", Vladimir Poutine a déclaré : "Je ne cache pas que notre objectif était d'assurer que la libre expression de la volonté de la Crimée se fasse dans de bonnes conditions Voilà pourquoi nos troupes assuraient les arrières des forces d'auto-défense de la Crimée" [4]. De nombreux experts affirment que ces forces d'auto-défense ont été formées par les forces spéciales russes, les Spetsnaz, qui avaient déjà participé aux opérations en Tchétchénie et en Géorgie. La création par le ministère russe de la Défense d'une nouvelle décoration militaire, la médaille "Pour le retour de la Crimée", fournit une confirmation officielle de l'opération militaire russe sur la péninsule ukrainienne.

Un an après l'annexion, le 15 mars 2015, la chaîne de télévision d'Etat russe "Rossiya 1" a diffusé un documentaire " Crimée, le chemin vers la patrie" sur les évènements du printemps 2014 en Crimée. Dans un entretien pour ce documentaire, le président russe a reconnu qu'il avait dirigé personnellement les actions militaires russes sur la péninsule : "Dans la nuit du 22 au 23 février 2014, j'avais dit à mes collègues : la situation est telle en Ukraine que nous devons commencer à travailler au retour de la Crimée au sein de la Russie, parce que nous ne pouvons pas abandonner aux nationalistes ce territoire et ses habitants en détresse" [5]. Plus loin, il ajoute : "Alors, je ne le cache pas, j'ai donné l'ordre au ministère de la Défense de transférer là-bas des unités spéciales des services secrets, des forces du corps des Marines, ainsi que des parachutistes". Dans le même documentaire, le président russe a affirmé qu'il était prêt à "mettre en état opérationnel" les forces nucléaires russes en cas d'intervention militaire des pays occidentaux. L'idée que leur président soit capable d'agiter la menace nucléaire, sans véritable danger extérieur, n'a paradoxalement dérangé ni la société russe ni la majorité de la population de Crimée.

En mars 2015, les Russes ont célébré avec la participation de Vladimir Poutine "le retour de la Crimée" au sein de leur pays. Une immense scène a été installée au pied du Kremlin pour de nombreux concerts et discours. Une grande majorité de Russes approuve ce que l'on appelle là-bas "le retour de la Crimée dans la mère patrie" et soutient aussi l'intervention militaire russe dans l'Est de l'Ukraine.
Et pourtant, en annexant le territoire de la péninsule de Crimée appartenant à l'Etat ukrainien, la Russie a violé trois traités internationaux signés par elle.
En 1994, le Mémorandum de Budapest avait été signé entre l'Ukraine, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Par cet accord, l'Ukraine acceptait de se défaire du stock d'armes nucléaires dont elle avait hérité à la dislocation de l'URSS ; en contrepartie, les États signataires s'engageaient à respecter l'indépendance et la souveraineté ukrainiennes dans ses frontières et à s'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine [6].

Le deuxième accord non respecté est le Traité d'amitié, de coopération et de partenariat entre la Russie et l'Ukraine, signé à Kiev en 1997.
Enfin le troisième traité est l'Accord entre la Russie et l'Ukraine sur la frontière russo-ukrainienne, signé à Kiev en 2003, selon lequel la Crimée est et demeure partie intégrante de l'Ukraine [7].

La violation des frontières ukrainiennes par l'annexion de la Crimée et, ensuite, par l'intervention militaire russe à l'Est de l'Ukraine a provoqué de nombreuses réactions de la communauté internationale.
Durant l'été 2014, en réponse à l'annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation délibérée de l'Etat ukrainien, l'Union européenne et les Etats‐Unis ont imposé des sanctions internationales contre la Russie : mesures diplomatiques, militaires et économiques. Depuis l'annexion de la Crimée, l'Union européenne a adopté trois séries de sanctions. La première phase de ses mesures, sous la forme de restrictions de voyage et de gels des avoirs ; ne touchaient qu'une liste de personnalités russes et ukrainiennes impliquées dans l'annexion illégale de la Crimée par la Russie. Cette liste de personnalités a été mise à jour plusieurs fois et compte désormais 95 personnes. La deuxième phase de sanctions comprend le gel de nouveaux programmes en Russie financés par la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Enfin la troisième phase de mesures restrictives sectorielles comprend des sanctions économiques, notamment la limitation de l'accès aux marchés des capitaux européens primaires et secondaires pour 5 institutions financières russes détenues par l'Etat ; l'imposition d'un embargo sur le commerce des armes vers la Russie; l'interdiction d'exportation de biens à double usage pour des utilisateurs finaux militaires et la restriction de l'accès russe aux technologies sensibles dans le secteur de l'énergie.

Les 28 Etats membres de l'Union européenne ont également soutenu la suspension des négociations sur l'adhésion de la Russie à l'OCDE et à l'Agence internationale de l'énergie. De nombreuses autres négociations bilatérales avec la Russie ont été suspendues. De son côté, Moscou a pris des mesures à l'encontre de l'Union européenne, du Canada, de l'Australie et des États‐Unis, en imposant un embargo sur les produits frais, ciblant ainsi leurs filières agroalimentaires.
Dans ce contexte, des restrictions additionnelles pour la Crimée et Sébastopol ont été mises en place par l'Union européenne : toutes les importations venant de Crimée et de Sébastopol ont été interdites, ainsi que tout investissement européen sur la péninsule ; les opérateurs touristiques européens ne sont plus autorisés à offrir leurs services en Crimée ou à Sébastopol ; l'exportation de certains biens et technologies à destination d'entreprises de Crimée, ou pour une utilisation sur le territoire de la Crimée, est désormais interdite. En juin 2015, le Conseil européen a prolongé les sanctions jusqu'à l'été 2016.

En septembre 2015, la France a définitivement voté l'annulation de la livraison de deux navires de guerre de type Mistral à la Russie en raison du rôle joué par Moscou dans la crise ukrainienne
Les Tatars de Crimée

Malgré le discours russe, l'annexion de la péninsule n'a pas été vécue avec enthousiasme par toute la population de Crimée. De nombreuses familles ont quitté le territoire désormais russe par peur des violences contre les pro-ukrainiens. Ce sont surtout les Tatars de Crimée qui subissent au quotidien les persécutions de la part des autorités russes. La situation est doublement tragique pour les Tatars : ils ont déjà vécu les déportations organisées par les Russes durant la Seconde Guerre mondiale et c'est seulement à la fin des années 1980 que les survivants ont eu l'autorisation de revenir en Crimée. Selon les résultats du recensement national de la population en 2001, les Tatars représentaient 12% de la population de la Crimée [8].

Le groupe ethnique des Tatars de Crimée est issu des différents peuples qui ont migré en Crimée : Tauri, Scythes, Cimmériens, Sarmates, Grecs, Alains, Goths, Huns, Romains, Khazars, Coumans, Petchenègues et Mongols-Tatars. Ils ont été à l'origine du Khanat de Crimée, fondé en 1441. Au XVe siècle, la dynastie régnante de Crimée a reconnu la suzeraineté de l'Empire ottoman, et le Khanat devint ainsi un protectorat du sultan. Durant son existence, le Khanat de Crimée a mené des guerres quasi-permanentes avec ses voisins, les Cosaques Zaporogues, le grand-duché de Lituanie, la Moldavie, le Royaume de Pologne et la Moscovie. À la fin du XVIIIe siècle, le Khanat de Crimée est devenu une arène de la lutte d'influence entre les Empires ottoman et russe. En 1774, le Khanat a été déclaré indépendant de l'Empire ottoman, et très rapidement le gouvernement de Catherine II de Russie a annexé son territoire. Ainsi le Khanat de Crimée a cessé d'exister. Au cours des décennies suivantes, les Tatars sont devenus minoritaires en Crimée, car l'Empire russe y installait un grand nombre de paysans russes, leur proposant de multiples avantages. Ce fut le début d'une période tragique dans l'histoire des Tatars de Crimée, qu'ils appellent "l'âge noir". Les répressions par le pouvoir russe et l'expropriation des terres ont conduit à un exode massif des Tatars de Crimée vers des territoires de l'Empire ottoman, actuellement la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie.

Mais c'est à la fin de la Seconde Guerre mondiale que les Tatars de Crimée ont vécu la plus grande tragédie de leur histoire. L'ensemble de la population, environ 200 000 personnes, a été déporté de Crimée sur ordre de Staline, sous prétexte de collaboration avec les nazis. Cette déportation, connue sous le nom le "Sürgün", pour sa motivation, sa formation et son champ d'application, était une action sans précédent dans l'histoire du régime soviétique car elle a touché un peuple entier. L'opération, à laquelle ont participé 32 000 agents du NKVD, a duré 2 jours, du 18 au 20 mai 1944. Les déportés disposaient de 5 à 30 minutes pour rassembler leurs affaires, avec la permission d'emporter seulement des objets personnels, des ustensiles de cuisine et de la nourriture dans la limite de 500 kg par famille. En réalité, les familles ne réussissaient à rassembler qu'une moyenne de 20 à 30 kg de biens et produits, tous les autres biens ayant ensuite été confisqués par le pouvoir soviétique. Ces familles ont été déplacées essentiellement vers l'Asie centrale : 82,5% vers l'Ouzbékistan, 2% vers le Kazakhstan et le Tadjikistan ; la partie restante a été envoyée en Russie, dans la Sibérie et l'Oural. Environ 46% de la population déplacée a succombé à la malnutrition et aux maladies durant les deux années qui ont suivi la déportation.

De nos jours, suite aux répressions massives de la part du Kremlin, environ 7 000 Tatars, un peuple autochtone de la Crimée, ont été obligés de fuir leur patrie historique. Ceux qui sont restés doivent faire un choix crucial : soit ils renoncent à leur nationalité ukrainienne en faveur de la nationalité russe, soit ils deviennent des "étrangers" dans leur propre pays. Moustafa Djemilev, chef de file du Mouvement national des Tatars de Crimée et Refat Chubarov, président du Majlis du peuple tatar de Crimée, ont l'interdiction par la Russie d'entrer en Crimée pendant 5 ans. L'unique chaîne de télévision des Tatars de Crimée, ATR, qui avait appelé ouvertement au boycott du référendum sur le rattachement à la Russie, a cessé d'émettre sur la péninsule en mars 2015. Elle est désormais installée à Kiev. Le gouvernement russe prévoit l'ouverture de sa propre chaîne de télévision pour les Tatars en Crimée, qui va servir comme instrument de Soft Power pour la promotion de l'image de la Russie. A l'occasion du premier anniversaire de l'annexion, Amnesty International a publié une synthèse intitulée "Violations of the rights to freedom of expression, assembly and association in Crimea [9]", dans laquelle elle explique comment les autorités russes en Crimée se livrent à toute une série d'atteintes aux droits de l'Homme contre les médias pro-ukrainiens, les organisations militantes, les Tatars de Crimée et les personnes qui critiquent le régime. Un certain nombre d'activistes se retrouvent emprisonnés et plusieurs personnes sont portées disparues. Le 25 août 2015, le cinéaste ukrainien, Oleg Sentsov, arrêté en Crimée en mai 2014 et accusé d'avoir créé une organisation terroriste visant à obtenir la restitution de la péninsule à l'Ukraine, a été condamné par un tribunal militaire russe, à Rostov-sur-le-Don, à 20 ans de réclusion criminelle. Son co-accusé, Alexandre Kolchenko, considéré comme membre de la même organisation terroriste, a été condamné à 10 ans de prison. Dans une déclaration, faite suite au verdict, la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, affirmait : "L'Union européenne estime que ces condamnations violent le droit international et les normes élémentaires en matière de justice. Elle continue d'appeler la Russie à libérer immédiatement MM. Sentsov et Kolchenko et à garantir leur retour en Ukraine en toute sécurité" [10]. Fin novembre 2015, la justice russe a rejeté l'appel de Sentcov, confirmant sa condamnation à 20 ans de prison.
La Crimée russe

La propagande russe sur l'annexion de la Crimée s'est avérée assez efficace sur la péninsule, ainsi que parmi les citoyens russes. La stratégie du Kremlin a consisté à convaincre que le rattachement de la péninsule "à la patrie" était nécessaire et urgent, car les russophones de Crimée étaient menacés par "le Kiev fasciste". Rappelons qu'exactement le même prétexte a été utilisé par Moscou pour justifier son intervention militaire à l'Est de l'Ukraine. Une grande majorité de Russes est persuadée de la légitimité de cette annexion et considère cette action comme une preuve de la puissance de leur pays. Mais ils ne se posent pas de questions sur le coût possible de ce rattachement. En effet, la Crimée n'a jamais été une région autosuffisante et dépendait toujours de Kiev, qu'il s'agisse de subventions ou de services vitaux, comme l'eau et l'électricité. Ce sont par exemple 80% de l'électricité de Crimée qui provenaient d'Ukraine.

Depuis septembre 2015, la péninsule annexée par la Russie subit aussi un blocus routier : le passage des camions qui fournissent des produits alimentaires en Crimée est bloqué par des activistes tatars, des membres du mouvement nationaliste Praviy Sektor ("Secteur droit") et des bataillons de volontaires. Désormais, des restrictions sur la marchandise transportée via la frontière vers la Crimée sont imposées même aux véhicules privés.

Fin novembre 2015, les supports des quatre lignes électriques, qui alimentent la Crimée, ont été sabotés côté ukrainien avec des engins explosifs par des membres du "Blocus civil", interrompant toute livraison d'électricité ukrainienne vers la péninsule annexée. Ukrenergo, compagnie ukrainienne, a essayé de remettre partiellement en route l'alimentation de la péninsule à partir du continent mais en a finalement été empêchée par les activistes du blocus. L'état d'urgence a donc été décrété en Crimée, les entreprises de la péninsule ont arrêté de fonctionner, tandis que les habitations n'ont reçu de l'électricité que quelques heures par jour. Depuis, la Crimée s'alimente par des générateurs et par le "pont énergétique" qui la relie au système électrique russe. Ce câble à haute tension a été mis en route le 2 décembre, en présence de Vladimir Poutine.

En décembre 2015, le gouvernement de Kiev a proposé à la Russie de continuer à fournir de l'énergie électrique à la Crimée, mais à condition que dans le contrat la péninsule soit mentionnée comme appartenant à l'Ukraine. Suite à cette proposition, le président russe a commandé un sondage d'opinion en Crimée avant de conclure ce contrat avec l'Ukraine. Deux questions ont été posées aux habitants de la région annexée, a annoncé le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak : "Soutenez-vous, oui ou non, le contrat conclu avec l'Ukraine pour la fourniture d'une part de l'énergie électrique en Crimée et à Sébastopol, s'il y est stipulé que la Crimée et Sébastopol font partie de l'Ukraine?" et "Etes-vous prêt à subir des difficultés temporaires liées à des interruptions mineures de courant pendant les 3 ou 4 prochains mois?" [11]. Selon l'agence de presse russe, RIA Novosti, 93% des habitants de la péninsule annexée n'acceptent pas le contrat proposé par Kiev, tandis que 94% de la population sont prêts à subir des difficultés temporaires [12]. Même si le gouvernement russe affirme que 90% des besoins en électricité sont maintenant couverts en Crimée grâce à ces mesures, cela n'empêche pas les habitants de ne recevoir de l'électricité que par période de 3 heures.

Celui qui fut le premier président de l'Ukraine indépendante, Leonid Kravtchouk, estime que le blocus de la Crimée n'est peut pas être une méthode de négociation efficace dans le contexte actuel, car les activistes utilisent des rapports de force, tandis que le seul moyen de négocier avec la Russie serait de proposer des solutions rationnelles. Des hommes politiques et experts ukrainiens pensent que les habitants de la Crimée auront envie de redevenir des citoyens ukrainiens à condition que le niveau de vie en Ukraine leur paraisse supérieur à leur propre niveau de la vie. Leonid Kravtchouk est persuadé que cette solution sociale ne pourra jamais résoudre la question de la Crimée. Selon lui, seule une solution politique pourra être proposée à la Russie, compte tenu du rapport de force actuel. Dans une interview à la télévision ukrainienne "5 Kanal", il évoque un statut d'autonomie large pour la Crimée, mais en faisant partie de l'Etat ukrainien [13].

Le gouvernement russe a annoncé qu'en 2018 il terminera la construction du pont du détroit de Kertch qui devrait relier la péninsule de Kertch en Crimée à la péninsule de Taman, dans la région de Krasnodar en Russie. Le premier pilier de ce pont a été planté le 16 août 2015. Ce projet est doté d'un budget global de 3 milliards $ (2,16 milliards €).

De plus, malgré le discours officiel du Kremlin, les sanctions imposées à la Russie suite à l'annexion de la Crimée ont un coût considérable pour l'économie russe.

Au plan militaire, certaines sources affirment la présence d'armes nucléaires russes en Crimée. A la fin de 2014, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a affirmé que Moscou avait le droit d'installer son arsenal nucléaire sur tout le territoire de la Russie, y compris sur la péninsule de Crimée.
Conclusion

Même si Daech et le terrorisme sont passés au premier plan dans les préoccupations de la communauté internationale, l'annexion de la Crimée représente toujours une sérieuse menace non seulement pour l'Ukraine mais aussi pour le reste de l'Europe. L'Etat ukrainien a vécu ce rattachement comme une double trahison : de la part des habitants de la Crimée qui ont voté pour "la réunification" avec la Russie et de la part de la Russie qui durant des années s'est positionnée comme un peuple-frère et finalement n'a pas hésité à annexer militairement une partie du territoire ukrainien. Kiev n'est pas en mesure de récupérer la péninsule de Crimée actuellement, mais continue à considérer cette région comme un territoire ukrainien temporairement occupé par la Russie.

Pour d'autres pays, comme la Géorgie, la Moldavie ou les pays baltes, cette annexion est un signal de danger envisageable pour leur propre territoire : la Russie a montré qu'elle est capable d'agir rapidement et efficacement, tandis que la communauté internationale n'a pas trouvé d'autres réponses que d'imposer des sanctions contre la Russie. Même le Royaume-Uni et les Etats-Unis, signataires du Mémorandum de Budapest, qui étaient censés garantir la souveraineté et les frontières existantes de l'Ukraine, n'ont pas été en mesure de s'opposer à la Russie lors de cette annexion. Malheureusement, l'absence de forte réaction de la communauté internationale pourrait permettre au président russe d'envisager le même scenario dans d'autres Etats où existent une minorité russe.
Directeur de la publication : Pascale JOANNIN                        FondationSchuman





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>>> Concernant la « négociation » entre Cameron et l'UE :

Un sommet de la honte
Tribune de Jean-Marie Cavada pour le Mouvement Européen-France
Suite au Conseil européen des 18 et 19 février 2016
 
Paris, le 24 février 2016

Au XXème siècle, la fin des années 1930 sombra dans le drame parce que cette décennie avait pataugé dans un pacifisme fatigué causé par la guerre de 1914-1918. Tout était bon pour ne pas regarder les crises en face et l’« esprit de Munich » ouvrit toutes grandes les portes à la deuxième guerre mondiale.
      Les historiens se demanderont, à partir du pitoyable Traité de Nice en l’an 2000, quelle étrange langueur d’abord, quel aveuglement ensuite, conduisirent les dirigeants européens à nier les uns après les autres des problèmes qu’ils auraient pu résoudre par le courage et la solidarité. On vit ainsi la Commission Barroso se plier à un Conseil de l’Union de plus en plus envahissant, de plus en plus nationaliste, de moins en moins courageux. La construction européenne continuait de s’embourber, la volonté d’intégration commençait à se détricoter. Pourtant, l’Union sut se battre pour endiguer à l’automne 2008 la crise financière venue des Etats-Unis, redresser et discipliner les plus imprudentes de ses banques. Après bien des tergiversations, elle se montra à peu près solidaire vis-à-vis des crises irlandaise, portugaise, et grecque : la colonne vertébrale qu’est l’euro tint bon et ces peuples acceptèrent tant bien que mal de souffrir pour rester dans l’Union parce qu’ils continuaient à croire en son esprit. Les observateurs sérieux se plaignaient depuis dix ans que les Etats aient pu refuser à FRONTEX les moyens dont cette agence avait besoin pour sauver des vies en Méditerranée et barrer la route à l’odieux trafic des passeurs de migrants. Mais ni le Conseil, ni la Commission, n’eurent le respect démocratique de proposer aux peuples une politique migratoire pour participer au malheur des pays de la rive sud-méditerranéenne, tout en sachant poser clairement des limites à l’immigration économique. Les mêmes observateurs s’inquiétèrent franchement qu’on ait décidé d'un espace de libre-circulation à l’intérieur de Schengen, sans avoir fortifié ses frontières extérieures par un contrôle sévère, infranchissable si ce n’est aux points de contrôle qu’on aurait dû bâtir depuis longtemps.
      C’est alors que survint la crise des réfugiés. Elle fit comprendre à tout le monde que nos dirigeants, décidés à suivre certains mouvements d’opinion plutôt qu’à les conduire, n’avaient ni mémoire (l’Europe est un continent qui n’a cessé de déplacer des dizaines de millions de malheureux au XXème siècle), ni doctrine à mettre en pratique (combien de réfugiés étions-nous capables d’accepter, répartis comment ?), ni solidarité. Ce qui fit mal au cœur, c’était de constater que les populations, apeurées par le flou des politiques nationales sur la place des étrangers dans nos pays, se mirent à se replier les unes après les autres. Mais malgré tout cela, on pouvait encore invoquer l’esprit de la construction européenne, une philosophie que les Pères fondateurs nous avaient proposée après les drames du XXème siècle pour vivre harmonieusement ensemble, s’enrichir ensemble, se respecter ensemble, et diffuser hors du continent ces principes dans plusieurs pays du monde.

      Tout cela, c’était avant. Avant le sommet des 18 et 19 février, qui sonnera comme un nouveau Munich brisant pour longtemps l’espoir de relancer la construction européenne. Les Britanniques de l’époque courageuse eurent Churchill. Les Britanniques d’aujourd’hui n’auront que Cameron. Dans une négociation de la honte, ce Premier ministre a inventé une machine infernale pour sauver sa peau face aux eurosceptiques de son parti. Comme certains Républicains français qui courent après le Front National, comme les nouveaux dirigeants polonais qui courent après l’autocrate hongrois Orban, comme une partie des conservateurs allemands effrayés par
« Alternative für Deutschland », parmi d’autres disciples, M. Cameron n’est pas gêné de saccager l’Union par ses exigences domestiques. Et l’Union, elle, n’a pas été gênée de l’aider, à son propre détriment. Car les choses sont maintenant claires, l’Union européenne devient un supermarché où chacun peut aller chercher à la carte les exigences ou les dérogations qui lui conviennent pour éteindre vaguement les petits incendies politicards qui s’allument dans plusieurs pays d’Europe. Vous ne voulez pas de Schengen ? Demandez un « opt out », vous l’aurez. Vous ne voulez pas de la Charte des droits fondamentaux ? Prenez votre ticket d’exemption. Vous êtes fatigué de l’euro ? Il ne manquera pas de gens, membres actuels du club de la monnaie unique, pour réclamer la permission de s’en extraire, ou l’instauration de je-ne-sais quelle double-monnaie.
      Si encore cette scandaleuse réunion apportait des résultats certains pour l’avenir du continent, on pourrait calmer sa colère. Mais à quoi assiste-t-on ? Les sceptiques de tout poil, derrière lesquels se masquent maintenant les anti-européens, se tapent sur les cuisses en réclamant la méthode de Cameron vis-à-vis de Bruxelles : les dégâts dans les opinions vont être terribles. Cette concession du dernier sommet de Bruxelles va-t-elle sauver quelque chose ? Si Cameron perd son référendum, il entraînera dans son sillage une cascade de renégociations conventionnelles que plusieurs pays seront tentés de demander à Bruxelles. Une période de secousse ébranlera l’Europe qui ne pourra en sortir que par le dessus : moins de technocratie et de normes, plus de décisions régaliennes. Si Cameron gagne, pourquoi les adversaires de l’intégration se gêneraient-ils pour emprunter la même voie ? En attendant, les combines politiciennes fleurissent. Le Maire de Londres, par calcul, rejoint le camp du « Brexit ». En France, une partie de la droite aimerait bien couper l’herbe sous les pieds de l’extrême droite en empruntant le chemin britannique. Mais attention : les dangereuses réalités arrivent en klaxonnant. Déjà, la livre sterling dégringole. Au total, ces dérogations aux Traités signés occasionnent de très graves blessures à l’Union et vont lui coûter. Si le vent du repli qui souffle sur ce continent se matérialise par la construction de nouvelles frontières nationales, on sait déjà que ça coûtera sur quelques années entre 1300 et 1500 milliards d’euros, essentiellement à cause de la contraction du commerce et des échanges.

      Ce qu’il faudrait urgemment, ce serait profiter de ces décombres, les enjamber avec courage. Que quelques pays se rassemblent pour décider qu’ils raviveront les valeurs européennes dont nous avons tant besoin, en bâtissant une autre Europe. Une Union dont les membres, quel qu’en soit le nombre, prendraient à bras le corps l’avenir du continent, en mettant en commun les moyens dont ils disposent pour traiter les questions régaliennes, celles auxquelles nos pays ne peuvent pas répondre séparément. Vite, une sécurité et une défense européennes puisque nous sommes attaqués. Urgente, la construction de frontières extérieures imperméables autour du périmètre de libre-circulation de Schengen ; le Schengen actuel ou celui d’un autre périmètre. Imminents, un débat et une décision pour une doctrine sur l’immigration économique, et une autre sur l’accueil du nombre de réfugiés, assortie d’une règle de répartition. Pressante, la mise en place commune d’une politique de transition énergétique. Le tout couronné par un budget fédéral alimenté notamment par une taxe sur les transactions financières et, pourquoi pas, une autre sur les échanges carbone.
      Je n’invoque pas les Pères fondateurs, j’envisage seulement un destin pour les années immédiates. Je ne rêve pas, je réfléchis seulement pour repousser un cauchemar. Mais tout ceci n’arrivera pas si vous, les citoyens, n’en manifestez pas l’impérieux désir. L’heure est venue de choisir son camp : l’avenir ou le déclin.
 
Jean-Marie Cavada
Président du Mouvement Européen-France
Député européen

>>> Le Brexit va-t-il pousser les Britanniques à l'exil en france ? Certains, en tout cas, ont fait des demandes de passeports français.  : EU referendum: Britons worried about Brexit applying for French passports TheIndependant

>>> Brexit : un accord sur le dos de la démocratie européenne ?

Ce qui est critiquable, ce n'est pas la position du FMI, ni la campagne en faveur du RU dans l'UE (on se demande pourquoi il serait scandaleux que ses partisans ne fassent pas campagne ; les opposants font bien la leur, et personne ne les en empêche ; il y a même des opposants sans compétences particulières qui peuvent publier leur tribune dans de grands quotidiens).

Non, ce qui est critiquable, c'est le régime de faveur accordé par l'UE au Royaume Uni. (DoYouLaw)
Car ce régime de faveur va à l'encontre de la construction européenne dont le but est d'évoluer vers une Europe fédérale. Mais peut-être cela permettra-t-il (il faut l'espérer) de mettre en œuvre, après ce référendum, une Europe à différents niveaux d'intégration, dont le premier niveau serait de type fédéral (armée commune, harmonisation fiscale et sociale, politique commune de l'énergie, etc.)

>>> «Une victoire du Brexit pourrait fragiliser l'unité britannique»
>>> Pour neuf économistes sur dix, un Brexit nuirait à l'économie
>>> L'UE et notre sécurité collective : plus forts ensemble!
>>> Non au Brexit, en avant l’Europe !
>>> Shakespeare europhile :

>>>  « Le “Brexit” est révélateur de l’absence d’efforts pour se projeter dans l’avenir »
>>>  Royaume-Uni : une députée quitte le camp du « Brexit » à cause des « mensonges » sur la santé
>>> Nous sommes à J-12 du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne est donnée en tête dans un sondage : la Livre Sterling plonge, et treize prix Nobel s'inquiètent de l'effet de la sortie sur la recherche, lançant un appel à la raison.
>>> Jo Cox était une femme passionnée, compatissante et loyale







Référendums & populisme 

>>> NOV2016. Faut-il obligatoirement être grossier, vulgaire et outrancier pour être suffisamment incorrect et ainsi avoir une chance d'être élu? Après le référendum britannique sur le Brexit, le résultat de l'élection présidentielle américaine semble l'attester. L'émotion est la règle, le tweet le langage, le mensonge l'argument. Et comme, sur la Toile, tout se vaut, l'insulte comme un vrai raisonnement, l'efficacité électorale est certaine. Peuples ou élites, gouvernants et gouvernés, tout le monde démocratique semble avoir abandonné la raison au profit de passions émotives plus ou moins bien exprimées. Fondation Schuman  
>>> NOV2016. Brexit : près de Newcastle, les premières conséquences économiques. A Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, les premiers investissements sont supprimés. Le chancelier de l’Echiquier doit annoncer un plan de soutien à l’économie
>>> NOV2016. La richesse britannique aurait fondu de 1.400 milliards d'euros après le Brexit. Conséquence directe et quasi instantanée de la chute de la livre sterling après le Brexit (près de 15 %), la richesse britannique a fondu depuis l'été. C'est ce qui ressort de la 7ème édition du "Wealth Report" du Crédit Suisse. Les Echos

>>> NOV 2016. Après l'élection de Trump, l’Allemagne, chef de file du « monde libre » ?
Obama fait ses adieux à Merkel. « L’Allemagne et les États-Unis sont liés par des valeurs, la démocratie, la liberté, le respect du droit, de la dignité ... »
>>> Poutine, Xi et… Trump : les nouveaux maîtres du monde
MONDOVISION. Le trio à la tête des puissances russe, chinoise et américaine incarne le nouveau rendez-vous des Européens avec l'histoire.
>>> NOV 2016. Pourquoi tous ces populistes ?

>>> Après le référendum, l'action !
Tribune de Jean-Marie Cavada pour le Mouvement Européen-France
Paris, le 21 juin 2016
      Ainsi donc, le référendum imprudemment lancé par Monsieur Cameron pour consolider sa survie politique, aura fabriqué une femme martyre : l'assassinat de la députée britannique Jo Cox. C'est une ironie bien tragique que le débat d'idées sur le maintien ou la sortie de Londres du projet européen, ait abouti à la mort d'une femme dont la carrière et les discours n'étaient empreints d'aucune violence : seulement un parti pris résolument européen pour l'avenir de son pays. Une idée de paix et de prospérité qui se termine par ce meurtre absurde.
      Cette consultation populaire fait apparaître deux situations compliquées. Si le non l'emporte, il y aura des dommages collatéraux économiques, politiques notamment. Certains prédisent un effet de contagion de l'exemple britannique à un ou deux autres pays. Si c'est le oui qui passe, la photographie restera malgré tout désagréable : l'impression se répandra que l'Europe est un supermarché où l'on peut choisir son menu à la carte. Déjà, dans les décennies précédentes, l'UE a fait des concessions inacceptables : il faut rappeler que la Grande-Bretagne ne participe ni à Schengen, ni à l'Euro, ni à la Charte des droits fondamentaux. Une adhésion sur mesure qui produit avec ce référendum, une secousse que nous devons à la lâcheté.
      Quel que soit le résultat, il faut maintenant tourner la page, mettre un terme aux tergiversations de certains Etats membres, et clarifier notre projet. A 28, la zone économique doit fonctionner de la même manière pour tout le monde. On voit bien par exemple que le projet de directive pour juguler l'évasion fiscale des multinationales implantées en Europe, est une bataille qui sera inexorablement gagnée, mais dans laquelle plusieurs Etats ont beaucoup traîné les pieds. Au-dessus de cette collectivité des 28 qui bénéficie des règles d'un marché intérieur de plus en plus unifié, il faut maintenant une construction politique exigeante qui intègre les pays volontaires afin de traiter ensemble quelques questions régaliennes qu'aucun des Etats membres ne peut résoudre tout seul. Par les temps qui courent, la sécurité à l'intérieur de l'Union doit devenir une exigence, quel qu’en soit le prix. A travers le monde, tous les Etats se protègent par des frontières pour garantir la libre circulation à l'intérieur. Nous devons le faire sur nos frontières extérieures, et sans faiblesse. Le monde violent qui nous entoure nécessite la construction d'une défense européenne immédiate et les projets dans ce domaine doivent franchir les égoïsmes industriels nationaux. En Europe, la convergence économique et la convergence sociale doivent maintenant être traitées : la prospérité, c'est du capital investi et du capital humain protégé. Il faut aussi s'attaquer plus résolument ensemble à la transition énergétique, et ramener à la raison ceux qui se proclament "Etats écologiques", mais achètent de l'électricité nucléaire à tout va, ou produisent de l'énergie en rallumant les centrales à charbon.
      Qu'il soit victorieux ou battu, Cameron aura précipité la prise en compte d'une évidence. Dans la période instable et menaçante que nous traversons, il faut avoir le courage de repousser l'eau tiède, pour s'attaquer à une construction européenne solide sur la base des Etats qui le souhaitent. L'époque pacifique évoquée par Fukuyama avec sa « fin de l'histoire » après la chute du mur en 89 a bel et bien sombré dans le désordre géopolitique, le terrorisme, la montée du chômage, et les surenchères extrémistes. L'extrême droite avance un peu partout à visage découvert, l'Espagne est incapable de gouverner, l'Italie se voit débordée par le populisme, et la France n'est pas bien placée pour donner sur ce sujet la moindre leçon.
      Madame Merkel, Monsieur Hollande, n'attendez pas les présidentielles pour répondre à la menace historique qui pèse sur notre continent. C'est maintenant qu'il faut avancer un projet et se battre pour qu'il aboutisse. Et ce projet, c'est pousser la construction de la sécurité à l'intérieur de l'Union. Si l'on avançait un référendum sur cette question, il triompherait dans les 28 pays. Alors qu'attendons-nous ? Que le Royaume-Uni s'embourbe dans son avenir immédiat, c'est son affaire. Il y a 40 ans, le gendre de Churchill, ambassadeur de Grande-Bretagne en France, et négociateur de l’entrée de Londres dans le marché commun de l'époque avec la France, m'avait prévenu
: "Nous entrerons dans l'Europe, mais nous ne serons pas Européens". La démonstration est faite, mais ce coup de canon doit être salvateur. Vite, une Union politique pour ceux qui ne veulent pas sombrer.
Jean-Marie Cavada
Président du Mouvement Européen-France
Député européen






Brexit, populisme, idées simples, et référendums

Brexit, et ses conséquences
>>> Brexit ou pas, l’Europe va sortir très affaiblie de cette épreuve LeMonde, 27avr2016
>>> Brexit. Qui est "in", qui est "out"
>>> Brexit : assez de la légende « Bruxelles contre les peuples »
>>> Brexit. Point de vue. Jo Cox, victime du discours de haine qui gangrène l’Europe
>>> Brexit : «Le risque de désintégration du Royaume-Uni existe».
INTERVIEW - Pour Pauline Schnapper, professeur de civilisation britannique à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, un vote britannique en faveur de la sortie de l'Union européenne entraînerait «une crise évidente entre Londres et Edimbourg».
Je suis inquiète depuis le début sur les risques d'un Brexit, à cause du sentiment anti-européen dans lequel baigne le Royaume-Uni depuis des années et qu'il est difficile de retourner en quelques semaines. C'est un vrai problème de fond qui se conjugue avec un rejet des élites et de l'establishment. Et malheureusement, le raisonnement des électeurs lambda ne va souvent pas beaucoup plus loin que cela.A ces deux raisons s'ajoute la question de l'immigration

>>> #BrexitOrNot : paroles d’électeurs
>>> Brexit : pourquoi le camp du "bon débarras" devrait y réfléchir à deux fois
>>> Les évêques de France s'opposent à «l'hystérie de la vie publique». Sept enjeux : «démocratie et société de violence», «pour un projet de société», «vers un pacte éducatif», «solidarité», «migrants», «Europe», «écologie»
>>> Brexit : «Ce référendum est la version britannique du trumpisme»
>>> Brexit: pourquoi garder le Royaume-Uni au sein de l'UE ne réglera rien. Une campagne à contrecoeur... ... qui risque de renforcer l'UKIP. Même frustration sur le continent.
>>> Le Royaume-Uni dit oui au Brexit: une chance pour l'Europe!
>>> Brexit: l'Espagne propose la "restitution" de Gibraltar
>>> "Si les Britanniques étaient restés, l'Europe risquait la dislocation"
>>> 24 juin 2016. Le peuple britannique vient de trancher : bye, bye l’Europe. Ce pays avait obtenu tant de dérogations que déjà il s’était mis dehors.  La responsabilité des dirigeants européens est d’être exigeants dans ce divorce, et courageux pour l’avenir. Il faut tirer la leçon de cet échec, éviter sa contagion, et passer à la vitesse supérieure qui consiste à plus d’intégration pour protéger les peuples. Jean-Marie Cavada

>>> Avenir incertain pour l’Écosse, l’Irlande du Nord et Gibraltar
>>> Le Brexit menace les accords du Touquet
>>> Alain Lamassoure : le Brexit, un «désastre». Mais peut-être pas pour l'Europe...

>>> Jean-Louis Bourlanges: «Les Britanniques sacrifient leurs intérêts à leurs fantasmes»
>>>  Brexit : les Britanniques soudain moins pressés que les Européens
>>> Et maintenant, l'Irlande réunifiée ?
Alors qu'un Brexit se dessine de plus en plus clairement, le leader en Irlande du Nord du parti républicain irlandais Sinn Fein, Martin McGuinness, estime que le vote des Britanniques relance le dossier pour une référendum appelant à une Irlande réunifiée. Le parti a souligné que le référendum avait des "conséquences énormes sur la nature de l'Etat britannique" sachant que l'Ecosse et l'Irlande du Nord ont voté pour un maintien au sein de l'Union européenne. Les craintes qu'exprimaient de nombreux nord-irlandais semblent se confirmer. Lisez notre article sur la question en cliquant ici.
>>> « Crise constitutionnelle » en Ecosse, largement favorable au maintien dans l’UE
>>> «L’Europe avait besoin d’un électrochoc» (interview Laurent Wauquiez)
>>> Brexit : une entreprise britannique sur cinq envisage de délocaliser une partie de son activité
>>> Brexit: Macron l’Européen demande de la fermeté vis-à-vis de Londres
>>> L’Europe au cœur de la campagne présidentielle de 2017
>>> Le Royaume-Uni, un pays fracturé

>>> « Brexit » : l’incroyable impréparation du vainqueur Boris Johnson
La livre sterling dévisse, le Royaume-Uni a perdu sa note AAA, des délocalisations d’emplois sont annoncées vers le continent et les institutions du pays sont paralysées.
« Nous n’avons pas de gouvernement, nous n’avons pas d’opposition. Les gens qui nous ont mis dans ce pétrin se sont enfuis », a résumé, lundi, Alistair Darling, ministre des finances pendant la crise de 2008, mettant en garde contre le danger du « vide ».
Pendant le week-end, Boris Johnson, principal artisan du « Take back control », a joué au cricket et a reçu quelques députés dans sa propriété de l’Oxfordshire. Il a sans doute aussi écrit sa chronique publiée chaque lundi dans le Telegraph, dont le contenu cette semaine est ahurissant.

>>> Brexit : symbole d’une nouvelle ère européenne ?
>>> Brexit: la Russie se réjouit du malheur européen
>>> Brexit: quelle facture pour l'Union Européenne?
>>> Que change concrètement le « Brexit » pour le Royaume-Uni et pour l’Europe ?
>>> L’Europe existe, les Anglais l’ont rencontrée
>>> Ces promesses que le camp du Brexit ne pourra pas tenir

>>> Royaume-Uni : le pro-Brexit Nigel Farage annonce sa démission de la direction du UKIP
>>> Brexit. Le Royaume-Uni se désintègre à tous les niveaux
>>> Royaume-Uni : Farage, Johnson : la débandade des pro-Brexit. Nigel Farage et Boris Johnson, deux des principaux artisans du Brexit, renoncent à en assumer les conséquences.
Ils se sont fait plaisir, avec des idées simples et leurs slogans idiots... Voilà le résultat. Si cela pouvait au moins servir de leçon aux autre pays dans lesquels pullulent les mêmes populistes, ce serait un moindre mal.
>>> Brexit : malgré les affirmations simplistes de l'élite frontiste (cf Philippot) : les premières conséquences concrètes du Brexit sur l'économie : Immobilier, commerces, emplois, livre sterling: près de deux semaines après la décision historique des Britanniques de quitter l'UE, les craintes sur l'impact économique du Brexit commencent à se matérialiser.
>>> « Brexitanic » ! (image)
>>> Immigration, système de santé : les promesses intenables des pro-Brexit

>>> Ecosse. BREXIT. L'UE serait-elle vraiment prête à accueillir une Ecosse indépendante ?
"L'UE récupérerait un territoire qui a les mêmes valeurs, qui a une vraie volonté de vivre-ensemble, qui présente par ailleurs une moyenne économique au-dessus de celle de l'Europe (sans compter sur ses atouts maritimes, voire pétroliers).
>>> Ecosse. « Brexit » : l’Ecosse prend l’Europe à témoin
>>> Brexit: l'émouvant appel à l'aide d'un eurodéputé écossais à l'Union européenne
>>> Le Brexit ravive l’attachement des Français à l’Union européenne
>>> Brexit : la folle semaine britannique en cinq actes

>>> L'économie réelle commence à pâtir du Brexit. Après les marchés financiers, c'est au tour de la consommation, la livre sterling, l'immobilier, l'emploi…de montrer des signes de faiblesse. Moins de deux semaines après la décision historique des Britanniques de quitter l'UE, le très sérieux Financial Times alerte
>>> Europe : après le Brexit, la stratégie de l’édredon. Quinze jours après le vote du Brexit, la France, l'Allemagne et la Commission n'ont qu'une envie : laisser l'UE dormir.
>>> Brexit : la Norvège s'opposerait au retour des Britanniques dans l'AELE. En s'opposant à un retour des Britanniques dans l'AELE où les décisions doivent être prises à l'unanimité, la Norvège torpillerait les chances de Londres d'accéder au marché intérieur européen.
>>>  Le consommateur britannique ressent les premiers effets du Brexit.  Pâtes, smartphones, voitures… Le prix de certains biens grimpe sous l'effet de la chute de la livre sterling. (...) Ceux qui ne se plaignent pas de la situation, en revanche, ce sont les touristes étrangers qui se pressent outre Manche pour profiter des taux de change avantageux.
>>> Août 2016. 5 indicateurs qui montrent que l'économie britannique pâtit du Brexit
>>> Les 10 leçons du Brexit
>>> Royaume-Uni : après le Brexit, les demandes de nationalité irlandaise ou portugaise explosent

>>> « La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne aura de graves conséquences pour la Pologne »
Le résultat du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est une mauvaise nouvelle pour la Pologne. Cette décision intensifie le chaos politique et institutionnel dans une Europe déjà confrontée aux grands enjeux extérieurs. Au cours des 25 dernières années, la Pologne est le pays ayant le plus profité de l’ordre de paix post guerre froide, basé sur le principe de la non-utilisation de l’agression armée, de l’inviolabilité des frontières, et de la politique des portes ouvertes. L’agression de la Russie en Ukraine, l’invasion de la Crimée et maintenant le départ du Royaume-Uni, entament les fondements de la sécurité et de la paix en Europe. Il faut donc s’attendre à ce que la Pologne s’emploie activement à réduire ces effets négatifs.
Le Royaume-Uni a toujours joué un rôle clé pour la paix en Europe. Il est l’un des pays européens au plus grand potentiel militaire, dispose d’armes nucléaires, et se doit de défendre la paix dans le monde conformément à la Charte des Nations Unies. Pour la Pologne, pays limitrophe de la Russie, la Grande-Bretagne a toujours été un élément important dans ses relations bilatérales.

>>> Août 2016. Brexit : l'économie britannique tient bon. Taux de chômage historiquement bas, accélération de l'inflation, hausse des ventes de détail : jusqu'à quand l'économie britannique va-t-elle résister aux effets négatifs du Brexit  ?
>>> Août 2016. Brexit: les Britanniques commencent à payer la facture. Peu tangibles jusqu'à présent, les conséquences du référendum se font peu à peu sentir dans la vie quotidienne des consommateurs Britanniques.
>>> Oct2016. La France redevient la cinquième économie mondiale grâce au Brexit
>>> Oct2016. Après le Brexit, la City vacille



Intox et "Europe bashing" 
Populisme & idées simples = danger pour l'Europe
>>> Et l'Europe devint la proie du monde...
>>> Avant le requiem pour une Europe défunte. Ceux qui s’éloignent de l’Europe devraient penser à tous les rêves qu’ils assassinent et, à tous les conflits qu’ils peuvent déchaîner. LeNouvelObs 
 >>> Les Suédois ne portent pas l’UE dans leur cœur CourrierInternational
>>> L'anglais langue unique, un danger pour la légitimité de l'Union européenne BruxellesBlogLibé

>>> Autriche : questions sur la montée de l’extrême droite. LeMonde Il ressort notamment 3 raisons pour expliquer le succès, ici comme ailleurs en Europe, de l'extrême droite :

>>> Un regard extérieur utile : celui du président des Etats-Unis. En Allemagne, le plaidoyer pour l’Europe de Barack Obama LeMonde : « Aucune nation, aussi grande et aussi puissante soit-elle, ne peut relever seule les défis [du XXIe siècle] (…) L’Amérique n’a pas de meilleur allié que l’Europe », avait-il dit. « Les Etats-Unis et le monde entier ont besoin d’une Europe forte, prospère, démocratique et unie ».
>>> Pologne  « Il y a des courants populistes ailleurs, mais, en Europe centrale, ils sont au pouvoir » LeMonde
>>> Pologne  « Les déclarations antieuropéennes et xénophobes du pouvoir sapent l’unité européenne (…). Nous passons du statut de partenaire crédible et apprécié au sein de l’UE et de l’OTAN à celui d’un Etat ayant besoin d’une “attention particulière”. Les fondements de notre sécurité et de notre développement économique vacillent. La Pologne se dirige vers l’autoritarisme et l’isolement international. » Pologne : trois ex-présidents polonais appellent à défendre la démocratie LeMonde

>>> Le populisme (synonyme : poutinisme) à l’attaque de l’Occident
>>> Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen répondent aux critères du populisme, cette machine à décérébrer. Du référendum sur le Brexit, ils ont fait un modèle, ce qui annonce une campagne présidentielle délirante.   On pourra ajouter, bien sûr, une poutinolâtrie assez exceptionnelle de la part de ces deux ploucs décidément indignes de représenter la France.
>>> Contrairement à ce que dit Marine Le Penskaïa, l'euro (ou l'UE) n'est pas la cause du chômage : en zone euro, le chômage est en recul. Mais pas France. Le problème est un problème franco-français 
>>> Et l'Europe devint la proie du monde.
>>> Non M. Bové, l'Europe ne sacrifie pas ses fromages !
>>> L’Europe, punching-ball des candidats à la présidentielle

>>> OCT2016. Brexit : ce que Theresa May dit aux Anglais et ce que Theresa May dit à Goldman Sachs.  « Je pense que les arguments économiques sont clairs. Je pense que faire partie d’un bloc commercial de 500 millions de personnes est important pour nous. Comme je vous le disais, je pense que beaucoup de personnes vont investir au Royaume-Uni parce que le Royaume-Uni est en Europe.
Si nous n’étions pas en Europe, je pense qu’il y aurait des entreprises et des compagnies qui se demanderaient s’ils ne devraient développer leur présence sur le continent plutôt qu’au Royaume-Uni. Je pense donc qu’il y a de clairs avantages en termes économiques. »

Le rôle d'internet dans les succès des populismes :
>>> Désinformation sur Facebook : Obama dénonce un système où « les faits et la vérité n’ont pas d’importance ». Le président américain a fait part de ses inquiétudes pour le débat démocratique, face aux articles mensongers diffusés sur les réseaux sociaux.






Les référendums

Un référendum est une consultation simpliste, qui ne peut porter que sur des questions simplistes. C'est pourquoi il a été toujours si prisé par les régimes autoritaires, voire dictatoriaux. Malheureusement, les questions à débattre sont de plus en plus complexes. Et bien entendu le référendum n'est pas adapté à cela. Néanmoins et justement pour cette raison, il reste un des arguments favoris des populistes qui manipulent le peuple à leur usage.
>>> En Europe, des référendums de plus en plus non ?
>>> « Halte au suicide populiste ».  La démocratie représentative n’a pas été inventée pour rien, elle demeure plus indispensable que jamais à l’ère d’Internet, ou toutes les opinions qui s’expriment ne se valent toujours pas, et où l’« opinion » auto-entretenue est encore plus mauvaise conseillère que jadis.
>>> Europe: "Le référendum est une mauvaise réponse à un vrai problème"
>>> Le référendum n’est pas le climax de la souveraineté populaire
>>> Du mauvais usage des référendums
>>> EDITO L'Obs. Après le Brexit, en finir avec le référendum ?
>>> Le référendum n'est pas le sommet de la démocratie
>>> L’Italie, talon d’Achille de l’Europe Euractiv


L'Europe bashing et le suicide de l'Europe se portent bien. Et pourtant... 
>>> La croissance de la zone euro meilleure qu'attendu au premier trimestre LesEchos
>>> « Les atouts de l’Europe sont bien plus nombreux qu’on l’imagine »
>>> Les évêques de France s'opposent à «l'hystérie de la vie publique». Sept enjeux : «démocratie et société de violence», «pour un projet de société», «vers un pacte éducatif», «solidarité», «migrants», «Europe», «écologie»
>>> La reprise de la zone euro se confirme LeMonde, 30avr2016
>>> Après le Brexit, la France attirante pour les groupes étrangers implantés au Royaume-Uni
Le cinquième et dernier Conseil stratégique de l’attractivité du quinquennat devait se tenir vendredi 18 novembre.
>>> Pourquoi le populisme a toujours échoué.
Au départ, les régimes populistes peuvent engranger des succès. La hausse des bourses depuis l’élection de Trump en est un signe. Mais très vite l’économie dérape et l’aventure se termine mal. Démonstration par l'Histoire






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ZOOM sur : le national-populisme en Autriche

Les causes du succès de l'extrême droite en Autrice sont multiples, mais j'en retiens trois :

1/ ce scrutin prouve que l’extrême droite peut progresser en Europe dans des pays en bonne santé économique. [on avait déjà observé ce phénomène lors des élections européennes de 2014 → cf cas du Danemark par exemple] [cf aussi l'édito de Laurent Joffrin, dans Le Nouvel Obs consacré aux élections européennes de 2014]. DONC les questions relatives à l'immigration et à l'identité ne doivent pas être évacuées sous prétexte de bons résultats économiques.
2/ De nouveaux visages, une nouvelle génération. Les études d’opinion montrent que Norbert Hofer, 45 ans, doit d’abord son succès à son relatif jeune âge. DONC les populations ont soif de « nouvelles têtes ».
3/ Le scrutin avait lieu dans le contexte orageux de l’arrivée des migrants.  La population s'alarme de ces flux que la politique du gouvernement semble incapable de maîtriser, faute de consensus européen. DONC une politique européenne de maîtrise des frontières doit être mise en place.

On ne demande pas aux partis qui nous gouvernent de parler sans fin des thèmes de l'extrême droite  ; cela ne fait que la renforcer et alimente la surenchère. Non, on demande simplement aux partis de gouvernement de ne pas ignorer les problèmes (d'identité, d'immigration, d'islamisation), de ne pas être dans le déni de la réalité... et d'agir en conséquence. Pas de façon extrême, mais de façon ferme et responsable.
Idem pour l'Europe : moins de blabla, moins de pointillisme réglementaire sur tout et n'importe quoi, et davantage de grands programmes : une armée, des gardes frontière, un FBI européen, une harmonisation sociale et fiscale, une politique énergétique d'indépendance européenne, etc
La communication a aussi son importance : les chiffres et les statistiques, c'est une chose. Mais bof bof au niveau de l'attractivité. S'appuyer plutôt que des héros européens, un imaginaire européen, des visages européens sur les billets de banque (Pourquoi n’y a-t-il aucun visage humain sur les billets en euro? That is the question... ) . Assez de cette Europe anonyme, compliquée, sans visage, sans président, faible, molle, sans identité, impersonnelle. Comprendront-ils que l'Europe perçue comme  un vaste et vague marché ne fait rêver personne ?
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Zoom sur Les 10 leçons du Brexit
>>> Les 10 leçons du Brexit

Par quel concours de maladresses et d'hypocrisies l'Europe en est-elle arrivée, avec le Brexit, à un tel stade de fragmentation ? Les excès du libéralisme conjugués aux dérives de l'administration bruxelloise nous ont conduits là où nous sommes.

Quelques observations après le brouhaha qui a accompagné le référendum britannique sur l'Europe :
1 D'abord que d'hypocrisies ! Les conservateurs britanniques ont réussi à faire porter à Bruxelles la responsabilité de leur politique : libéralisme échevelé et austérité ont poussé à bout une société déjà chauffée à blanc par d'excessives inégalités ! Certes, tous les gouvernements ou presque ont fait de même un peu partout en prenant l'Europe comme bouc émissaire. Il est tout de même étrange de les voir maintenant s'étonner des conséquences de leur lâcheté...
2 Et quelle leçon ! La City, avec la certitude des nantis, ne s'attendait certes pas à recevoir une telle gifle. Les laissés-pour-compte de la mondialisation ont parlé, à leur manière. Nous aurions tort de croire que l'événement ne concerne que les Britanniques... Regardez où vont les électeurs en Autriche, au Danemark, en Hongrie, aux Pays-Bas... En France, bientôt ?
3 Il faut relire Platon. La démocratie ne se résume pas à un appel au peuple quand cela arrange les jeux tactiques de quelques politiciens. Le sort d'une nation ne se joue pas à la roulette. Si encore ce référendum avait exigé une majorité qualifiée ! Il faut donc s'interroger : par quel paradoxe le plus ancien et le plus équilibré des régimes parlementaires a-t-il accepté de soumettre une décision de cette importance au grand vent d'une opinion travaillée par des tabloïds irresponsables ? Nos amis anglais devraient le savoir, il est risqué de demander à la dinde ce qu'elle a pensé du dîner de Noël.
Plus sérieusement, Raymond Aron disait, il est vrai : « L'homme est raisonnable, les hommes, c'est moins sûr... »
4 Cela étant, ce n'est pas la fin du monde. A ce stade et sur le plan économique, l'événement ne comporte pas de risque systémique. A moins, bien sûr, que dans leur volonté de les défendre les Anglais n'exonèrent leurs banques des contraintes prudentielles de l'Union européenne !
Mais si l'on prend un peu de hauteur il faut bien convenir que le Royaume-Uni n'innove pas : il a toujours tenu à garder un pied dans et un pied hors de la construction européenne. Et le grand marché pour lui ne fut jamais qu'un supermarché. Churchill le disait clairement et Siegfried nous l'a toujours rappelé : l'Angleterre est une île.
5 Il y a même un côté positif à tout cela : nous allons voir in vivo si un pays se porte mieux hors de l'UE ! Au-delà des discours des pour et des contre, l'histoire nous offre en temps réel une expérience de vérification unique. Nous allons aussi voir si ce choc peut conduire enfin les autres pays de l'Union à se ressaisir en menant une vraie réflexion sur la route à prendre : zone de libre-échange ou construction de politiques communes ? Les avancées ne viendront pas de nouvelles arguties institutionnelles mais de la capacité des Etats à lancer enfin des actions concertées aptes à préparer l'avenir en matière d'investissement et d'innovation.
6 Quant aux responsables de Bruxelles, ils doivent faire leur mea culpa pour en finir avec cet esprit bureaucratique, punitif, qui a trop souvent inspiré leurs bataillons de fonctionnaires. Mais là encore, que d'hypocrisie ! Pour l'avoir vécu en tant que président d'Air France je témoigne que ce sont les Britanniques qui ont poussé Bruxelles à faire des règles de concurrence une obsession, empêchant ainsi la constitution de nombre de champions européens...
7 La place de Paris, en attendant, dispose d'atouts considérables qu'il conviendrait de renforcer sans attendre. Nous avons là une occasion historique de rattraper notre retard d'attractivité par rapport a Londres.
Qu'attendons-nous pour saisir cette chance ? Les mesures annoncées à ce jour ne sont pas à la hauteur de l'enjeu.
8 Mais au-delà, le vrai problème sera évidemment d'ordre géopolitique : l'Europe sans le Royaume-Uni, c'est la meilleure nouvelle que pouvaient espérer Poutine, Erdogan, les dirigeants chinois et Daesh, tous grands démocrates ! Face à eux, les Etats-Unis s'étant repliés, le monde occidental était déjà divisé et traversé de forces protectionnistes. Le voici maintenant victime d'une bombe à fragmentation. Au moment où le monde est plus dangereux que jamais aucun démocrate épris de paix ne peut se réjouir.
9 La mauvaise surprise enfin, pour ceux qui comme moi sont anglophiles, est venue de la classe politique anglaise. La voilà qui, en quelques semaines, s'est déconsidérée en nous offrant le spectacle d'un incroyable zoo : avalanche de démagogie avant le vote, totale improvisation après. Que sont-ils devenus ces amis, hier pourtant admirables ? Et même dotés d'un Premier ministre apparemment sérieux comment peuvent-ils encore affirmer qu'ils sortiront indemnes de ce faux pas alors que la moitié de leurs exportations se fait en Europe ?
10 Décidément : God save the Queen !






MAD WORLD

Le problème avec internet et twitter, c'est que n'importe quel bateleur balançant un slogan simpliste, et de préférence vulgaire et insultant, peut avoir plus de portée qu'un prix Nobel écrivant un article argumenté et technique dans Le Monde.
"Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité", a-t-il récemment déclaré, rappelle le quotidien "Il Messaggero (…) On les faisait taire tout de suite alors qu'aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles" Umberto Eco

Il est étonnant que l'on ne dise pas quelques vérités :
Immigration et guerres.
Les amis de Le Pen, ces très chers poutiniens, sont directement responsables des vagues d'immigration déferlant en Europe, de par les guerres qu'ils mènent ou ont mené (Tchétchénie, Syrie, Géorgie, Ukraine...).
Les tchétchènes ou les syriens ne sont pas forcément des terroristes islamistes en puissance ; peut-être même que la plupart d'entre eux sont des gens qui fuient les massacres d'Assad et les bombes de Poutine... Mais c'est vrai que chez les frontistes, le monde est simple, il se divise en deux catégories : les terroristes islamistes contre l'axe des gentils (Poutine & Assad).
De nombreux ukrainiens et tatars ont dû partir de Crimée, d'autres du Donbass à cause de la « politique » de Poutine. Madame Le Pen pourra féliciter son maître à penser pour les vagues migratoires dont il est la cause.
Immigration et changement climatique.
La famille Le Pen et tous ces amis, de Trump à Poutine, n'ont que faire de la lutte contre le changement climatique, qui pour eux n'existe pas.... Pourtant, année après année, le changement climatique produit ses effets ; et il figurera parmi les causes des mouvements migratoires futurs. Les réfugiés climatiques, ça existe déjà.





Référendums & populisme

Les référendums
Le référendum qui s'est tenu aux Pays-Bas a permis, une nouvelle fois, à tous les europhobes et eurosceptiques de se féliciter, d'applaudir, avec Poutine, au rejet de l'accord avec l'Ukraine, ce pays saigné par la superpuissance russe voisine.
Le futur référendum relatif au Brexit est lui aussi l'occasion rêvée, pour tous les prétendus « souverainistes » (comme par hasard de grands poutinolâtres), de se servir de l'UE comme d'un putching ball !

Le « bashing », bien qu'étant un anglicisme pas très élégant, est le terme approprié pour décrire ce que subit l'Europe ces temps-ci. Le bashing décrit le « jeu » ou la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement une personne ou un sujet. Lorsque le bashing se déroule sur la place publique, il s'apparente parfois à un « lynchage médiatique ». Le développement d'Internet et des réseaux sociaux a offert au bashing un nouveau champ d'action, en permettant à beaucoup plus de monde de participer dans l'anonymat à cette activité collective. 
 
Un exemple parmi des milliers d'autres :
Le Figaro a interrogé un bloggeur, Monsieur Laurent Herblay, sur le thème des « élites contre (forcément) le peuple ».
Le titre du billet, « Du référendum néerlandais au Brexit : les élites contre le peuple » est déjà très évocateur, puisque d'emblée est supposé qu'une masse uniforme et méchante, « les élites », s'inscrirait perpétuellement « contre » l'autre grande masse uniforme que serait « le peuple ». 
En trois réponses (cf ci-dessous), les mots montrant tout le mépris qu'a l'auteur envers l'UE sont répétés en boucle : on lit "bureaucrate" et "eurocrate" six fois en trois réponses, on lit encore "tour de Babel européenne", "machin européen", "discours très totalitaires des eurocrates". Sont distillés nombre de réponses confuses et les contre-vérités : 
- non, Monsieur Herblay,  les "eurocrates du FMI" ne sont pas nos gouvernants ;
- non, Monsieur Herblay, tenir compte des investisseurs (qui créent de l'emploi), ce n'est pas leur obéir aveuglément (il existe des lois et des régulations) ; 
- non, Monsieur Herblay, tous les plans de l'UE ne sont pas des échecs (cf Erasmus, les programmes dans le domaine spatial, la monnaie, la carte européenne d'assurance maladie, le programme Life, etc etc) ; 
- non, Monsieur Herblay, il n'y a pas eu d'imposition de quotas de migrants ;
- non, Monsieur Herblay, "les élites" n'est pas une entité uniforme s'opposant éternellement et pour son malheur à une autre entité uniforme, "le peuple", forcément trompé ! 
      
Le dénigrement, le mensonge, l' Europe bashing, c'est simple, c'est binaire, c'est manichéen à l'extrême, voire idiot. Mais ça fonctionne !


Du référendum néerlandais au Brexit : les élites contre le peuple (LeFigaro) :

LE FIGARO. - Le Fonds monétaire international a publié le 12 avril un rapport semestriel expliquant qu'une sortie de l'UE du Royaume-Uni après le 23 juin prochain provoquerait «des dommages sévères au niveau régional comme au niveau mondial», et que le référendum en lui-même «est déjà source d'incertitude pour les investisseurs.» Les prévisions du FMI sont-elles fiables ou faut-il y voir une opposition idéologique?
Laurent HERBLAY. - Avant même de rentrer sur le fond, le rapport du FMI pose de nombreux problèmes. Il est tout de même délicat que des bureaucrates prennent une telle position, éminemment politique, et soutiennent de facto un camp contre l'autre. Au moins, les britanniques savent comment voter pour déplaire à ces bureaucrates qui nous gouvernent… Ensuite, faire du premier argument «l'incertitude pour les investisseurs» montre bien le centre de gravité du monde que contribue à construire le FMI depuis des décennies. Pour que cela tourne rond, il faut faire ce que les investisseurs souhaitent. Quel terrible aveu!
Ensuite il est tout de même culotté de faire du Brexit une des raisons de la mollesse de la croissance, alors même que ce constat est fait depuis la sortie de la grande crise financière de 2008-2009. Ce n'est pas le Brexit qui a fait que la croissance a été décevante de 2010 à 2015! Cet argument est d'autant plus absurde que justement, en 2016, les perspectives de croissance dans l'UE sont les meilleures depuis 2010. Et puis, il faut aller page 27 du rapport du FMI pour avoir un peu plus d'explication, un petit paragraphe dérisoire guère argumenté, et sans la moindre justification factuelle.
Bien sûr, les négociations seraient délicates, mais l'UE a des relations économiques avec des pays non membres depuis longtemps. Si l'entrée dans l'UE est complexe, la sortie n'est-elle pas simple ?
Bien sûr, les négociations seraient délicates, mais l'UE a des relations économiques avec des pays non membres depuis longtemps. Si l'entrée dans l'UE est complexe, la sortie n'est-elle pas simple? Après tout, la déconstruction des contraintes européennes a toutes les chances d'être progressives et assez lente car Londres a vécu, et accepté, la plupart des contraintes avec lesquelles elle vit aujourd'hui. Bien sûr, il y aurait des incertitudes, mais le FMI n'apporte pas la moindre preuve selon laquelle la sortie d'une telle alliance aurait des conséquences néfastes. Bref, il faut surtout y voir une opposition idéologique.
Le 12 avril, le président du Parlement européen, Martin Schulz, s'est exprimé sur LCI au sujet du référendum aux Pays-Bas, estimant que «les gens votent sur n'importe quoi, mais très rarement sur le sujet du référendum». Cette analyse reprend-t-elle celles qui avaient cours en 2005 au sujet du Traité constitutionnel européen? Est-ce à dire qu'en 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, les électeurs ont voté oui sans comprendre qu'ils acceptaient l'euro et un certain nombre de transferts de compétence vers l'UE?
Les eurocrates expriment trop souvent un snobisme aux relents totalitaires contre la démocratie. Si les électeurs ne suivent pas leurs souhaits, ce serait toujours pour de mauvaises raisons. D'abord, je suis convaincu que le vote des citoyens lors des référendums est au contraire plein de bon sens. En 1992, ce sont les Français se déclarant de droite qui ont voté «non» à Maastricht, dans un débat dominé par la question de la souveraineté nationale, leg du gaullisme. En 2005, c'est plutôt la gauche qui a voté «non» dans un débat dominé par le caractère antisocial de cette Europe.
En fait, les eurocrates ont un comportement et un discours très totalitaires puisqu'ils refusent d'écouter les opinions différentes des leurs, puisque tout vote qui va à l'encontre de leurs idées est forcément un vote pour de mauvaises raisons.
En Hollande, les électeurs ont sanctionné un accord, qui, s'il n'était qu'un petit pas vers l'intégration de l'Ukraine, n'en était pas moins un petit pas. Et quand on connaît cette Europe qui fonctionne justement par petits pas, il n'était pas surprenant que les Néerlandais refusent le tout premier. Les Européens veulent arrêter l'élargissement. En fait, les eurocrates ont un comportement et un discours très totalitaires puisqu'ils refusent d'écouter les opinions différentes des leurs, puisque tout vote qui va à l'encontre de leurs idées est forcément un vote pour de mauvaises raisons.
Aux Pays-Bas, 64% des votants ont rejeté l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine. Au Royaume-Uni, malgré une importante campagne gouvernementale à l'encontre du Brexit, 46% des Britanniques y seraient favorables (contre 43% qui y sont opposés). Comment analyser le décalage qui existe entre les élites au pouvoir et la volonté des peuples?
On peut voir trois raisons principales au décalage grandissant entre les élites et le peuple. D'abord, le manque de considération, pour ne pas dire le mépris, d'une partie des élites vis-à-vis du peuple. Ses déclarations ne font qu'entretenir cela d'ailleurs. Le mépris maintes fois exprimé par les eurocrates contre les référendums ne fait sans doute que renforcer l'hostilité des peuples contre le machin européen.
Et cela s'explique également par le bilan de cette tour de Babel européenne. Tout nouvel accord est l'occasion
Cela s'explique par le bilan de la tour de Babel européenne.
de nouvelles promesses de lendemains qui chantent suivies d'une déception. Avec le bilan qui est le sien depuis trois décennies, comment s'étonner que l'UE suscite le rejet des électeurs? Elle n'a rien apporté de positif à l'immense majorité des peuples européens. En revanche, elle leur impose de très nombreuses contraintes, l'austérité, des contributions à des plans qui ne marchent pas, l'imposition de quotas de migrants, sans prendre en compte les spécificités nationales, et aucune protection contre les dommages de la globalisation, des délocalisations à la désertion fiscale des multinationales.
Dernière raison: le décalage grandissant entre les élites et les classes populaires, la montée des inégalités et le fait qu'élites et classes populaires vivent des vies de plus en plus séparées: le divorce politique est en partie la conséquence d'un divorce social et d'un divorce dans la vie de tous les jours.

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A propos des présidentielles en Autriche (juin 2016)
Les causes du succès de l'extrême droite en Autrice sont multiples, mais j'en retiens trois :

1/ ce scrutin prouve que l’extrême droite peut progresser en Europe dans des pays en bonne santé économique. [on avait déjà observé ce phénomène lors des élections européennes de 2014 → cf cas du Danemark par exemple] [cf aussi l'édito de Laurent Joffrin, dans Le Nouvel Obs consacré aux élections européennes de 2014]. DONC les questions relatives à l'immigration et à l'identité ne doivent pas être évacuées sous prétexte de bons résultats économiques. Il ne s'agit pas d'être dans la surenchère ou d'être obsédé par la question migratoire ; il est question de ne pas être dans le déni, et d'agir plus que de parler!
2/ De nouveaux visages, une nouvelle génération. Les études d’opinion montrent que Norbert Hofer, 45 ans, doit d’abord son succès à son relatif jeune âge. DONC les populations ont soif de « nouvelles têtes ».
3/ Le scrutin avait lieu dans le contexte orageux de l’arrivée des migrants.  La population s'alarme de ces flux que la politique du gouvernement semble incapable de maîtriser, faute de consensus européen. DONC une politique européenne de maîtrise des frontières doit être mise en place.

On ne demande pas aux partis qui nous gouvernent de parler sans fin des thèmes de l'extrême droite  ; cela ne fait que la renforcer et alimente la surenchère. Non, on demande simplement aux partis de gouvernement de ne pas ignorer les problèmes (d'identité, d'immigration, d'islamisation), de ne pas être dans le déni de la réalité... et d'agir en conséquence. Pas de façon extrême, mais de façon ferme et responsable.
Idem pour l'Europe : moins de blabla, moins de pointillisme réglementaire sur tout et n'importe quoi, et davantage de grands programmes : une armée, des gardes frontière, un FBI européen, une harmonisation sociale et fiscale, une politique énergétique d'indépendance européenne, etc
La communication a aussi son importance : les chiffres et les statistiques, c'est une chose. Mais bof bof au niveau de l'attractivité. S'appuyer plutôt que des héros européens, un imaginaire européen (Le FN l'a bien compris → cf les images utilisées : par exemple une Jeanne d'Arc moderne dans le style manga ici pour le discours du 1er mai 2016 de Marine Le Pen ) , des visages européens sur les billets de banque (Pourquoi n’y a-t-il aucun visage humain sur les billets en euro? That is the question... ) . Assez de cette Europe anonyme, compliquée, sans visage, sans président, faible et molle, impersonnelle, sans identité autre que celle d'être un vase et vague marché qui ne fait rêver personne 


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Comme si l'Europe n'avait pas assez d'ennemis, d'autres - ceux souhaitant que l'Europe ouvre les portes en grand - font aussi de l'Europe bashing, histoire de culpabiliser les européens :

- une couverture de Télérama : 
    
- une photo parue dans Slate :




On a donc :
- les ennemis extérieurs de l'Europe : Russie poutinienne, islamistes ...
- les ennemis intérieurs de l'Europe : nationalistes, "souverainistes", extrême gauche, extrême droite

Pour les ennemis internes, quoi qu'elle fasse, l'Europe est coupable. Elle ouvre trop les portes, ou pas assez, elle est trop contraignante, ou pas assez sociale, etc.


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La tentation de l'Europe bashing

Les attaques fusent contre les recommandations de Bruxelles. Accusée d’en faire trop ou trop peu, l’Europe concentre les critiques. Les volontaires ne se bousculent pas pour la défendre, y compris parmi ses partisans les plus convaincus.
La séquence des municipales s’achève, celle des européennes commence. Avec un risque majeur : transformer une nouvelle fois « Bruxelles » en bouc émissaire de tous les maux. Les premières attaques ont fusé dès dimanche soir contre la feuille de route imposée au gouvernement pour assainir ses finances publiques et réduire ses déficits. La Commission a pourtant confirmé lundi les objectifs : accélération des réformes structurelles et consolidation des finances publiques. Placée sous surveillance renforcée, la France devra même intensifier ses efforts pour pouvoir respecter ses engagements. Mais tout cela a un but, a expliqué le porte-parole d’Olli Rehn, vice-président chargé des affaires économiques et monétaires : améliorer la compétitivité des entreprises et « créer les conditions économiques favorables à la création d’emplois ».
Pas sûr que le message soit bien compris par les citoyens, de plus en plus nombreux à critiquer la politique d’austérité et à voir dans la poussée du chômage la preuve que les mesures prises ces dernières années ne marchent pas. « On n’a pas encore pu traduire auprès de l’opinion le fait que l’Europe n’avait pas été un problème mais un rempart contre la crise, que sans cette volonté d’agir ensemble et de remettre la maison en ordre, la situation aurait été encore pire », reconnaît une source européenne. L’image d’une Commission trop libérale reste prégnante, malgré le mouvement de régulation engagé ces dernières années dans le secteur financier pour tirer les leçons de la crise. « Il n’y a pas de discours politique mobilisateur. Tous les Etats membres continuent de jouer perso. Qui peut comprendre que l’Europe fait partie de la solution si elle est perpétuellement attaquée », déplore cette même source.
La prochaine campagne ne devrait pas faire exception à la règle : les eurosceptiques ont le vent en poupe, et le discours pro-européen a du plomb dans l’aile, y compris auprès de ses partisans les plus convaincus, qui insistent tous sur la nécessité de réformer le système. Il faut dire que l’Europe est toujours sur la sellette. Soit on l’accuse d’être trop intrusive ; le meilleur symbole en est la trop fameuse Troïka (composé de représentants de la BCE, du FMI et de la Commission) qui établit depuis quelques années des prescriptions pour les pays les plus durement touchés, comme la Grèce. Soit on lui reproche son impuissance, y compris à enrayer des scandales sanitaires comme celui de la viande de cheval. « Les citoyens ont l’impression que l’Europe ne fait pas ce qu’ils veulent et fait ce qu’ils ne veulent pas », reconnaît un habitué des couloirs bruxellois.
La Commission ne pourra même pas compter, lors de la campagne, sur une grande émulation en son sein : la grande majorité des 28 commissaires ne seront pas reconduits pour un nouveau mandat et ne devraient donc pas vraiment se mobiliser au-delà de leur propre portefeuille. « Lors d’élections nationales, tout gouvernement défend son bilan pour essayer d’être réélu. On n’a pas cette logique ici, pas de vraie stratégie », souligne-t-on à Bruxelles. Pourtant, l’Europe-bashing n’est pas uniquement un sport français. Loin de là. (L'Opinion)


Pourtant :


L’Europe, bouée de sauvetage

Dimanche soir, ils voudront le nommer sans attendre. Le nouveau gouvernement ? Non, le bouc émissaire. Parce que la défaite ne saurait se justifier par la vacuité présidentielle, que les élus déchus préfèrent le mensonge à l’introspection, que le socle électoral du PS ne se ressoudera qu’autour d’un ennemi à la cause, le responsable de la défaite doit être désigné hic et nunc. Et ce coupable à guillotiner en place médiatique, on l’imagine déjà, gros comme un déficit public : ce sera Bruxelles, ou plutôt la ligne politique imposée à l’Elysée par la « commission libérale ».
Avant même le tsunami du 23 mars, Arnaud Montebourg avait prévenu : la montée du Front national ? C’est la faute à l’Europe ! Depuis, la majorité est prête à entonner le « Ah, ça ira » de son aile gauche. Elle brûle de piétiner ce pacte totem de la politique de l’offre. Elle rêve de liquider cette rigueur budgétaire en forme d’oukase des « ayatollahs bruxellois ». Et de tordre le cou à ce tournant social-démocrate jamais digéré.
Mais où serait donc la France sans Bruxelles ? Il faut oser le dire dans un pays au bord de la perdition : la contrainte européenne est une nécessité et un bienfait. Sans elle, pas de courage ni de résolution, mais la procrastination et l’irresponsabilité. Sans elle, pas de réformes, mais la faillite de notre modèle. Sans elle, pas de mesures de redressement, mais le statu quo source de souffrance sociale accrue. Sans elle, pas de reprise en main de notre destin, mais une souveraineté à coup sûr perdue pour toujours. Après l’échec annoncé du second tour, il reviendra au chef de l’Etat de rappeler ces évidences. Et d’enjamber la démagogie de son propre camp.
Rémi Godeau    L'Opinion


Que faire?
D'abord, prendre conscience que "nous avons changé de monde", comme dirait NKM (et c'est exact).
Qu'on le veuille ou non, le monde a changé. Pendant que certains déplorent les changements qui, de fait, s accélèrent, et que d'autres érigent des barrières toujours plus hautes pour protéger leurs avantages acquis, il est temps de regarder en face la réalité : nous changeons de monde.
Ensuite, faire ! Le beau discours de François Hollande sur lé déchéance de nationalité s'est soldé par du vent ! Moins de blabla, plus d'action : voilà ce qu'il faut. On assiste au contraire ; dès lors, il ne faut pas s'étonner du niveau de défiance existant en France envers les décideurs. Pendant ce temps, une sévère dictature, les Pays-Bas, ont sereinement adopté la déchéance de nationalité.  Il s'agit donc de Faire.
Faire quoi ?

Une solution serait de créer un petit groupe pour faire l'Europe fédérale, en commençant simultanément par la création d'une armée européenne – car, on l'a hélas oublié, mais l'Europe ne se fera que par des réalisations concrètes (et j'ajouterai visibles par les peuples) – et par l'adoption d'une constitution.
Ce double engagement permettrait de franchir un cap. Mais il ne pourra pas se faire sans l’acquiescement des peuples. C'est pourquoi, il faut dans un premier temps, faire une première sélection des Etats membres appartenant déjà au premier cercle de l'UE – càd ceux de la zone euro -. Parmi ces pays, certains ne voudront ou ne pourront pas s'engager plus avant. Le tri doit être fait dans un premier temps sur la base de critères sociaux-économiques, et deuxièmement cette création d'une constitution et d'une armée doit être dans chaque pays membre et le même jour soumise à référendum.
Uniquement les pays dont les peuples approuvent la fédéralisation de l'Europe pourront véritablement entrer dans cette nouvelle ère. Pour les autres, il ne doit pas être proposé de « plan B », ou de texte voisin du référendum (comme cela avait été fait sous le mandat de Sarkosy). Non, il faudra prendre acte que certains pays seulement veulent et peuvent faire l'Europe fédérale. Il faut accepter une Europe à trois niveaux d'intégration : l'Europe fédérale ; l'eurozone ; la zone des simples Etats membres (comme le Royaume-Uni, si toutefois il reste dans l'Union) . Ces trois zones formeraient l'Union Européenne. Il conviendrait aussi de revoir Schengen , et éventuellement d'exclure du SchengenII les pays ne faisant pas parti de l'UE. On ne peut pas disposer des avantages de l'UE sans en faire partie !



Lire aussi :
>>> AOUT2017. La liberté d’expression au défi des « fake news ». Dans une tribune pour « Le Monde », l’avocat Benoît Huet estime que seule une implication de la société civile peut permettre une régulation plus objective des flux d’informations. Lemonde

>>> L’avenir de l’Union européenne se joue aussi en Mitteleuropa!   telos
>>> Trois avertissements pour l'Europe après le succès de l'extrême-droite à la présidentielle autrichienne   HuffingtonPost  

>>> Elisabeth Roudinesco: "Il y a un désir inconscient de fascisme dans ce pays" Bibliobs
>>> Brexit ou pas, l’Europe va sortir très affaiblie de cette épreuve LeMonde, 27avr2016
>>> La reprise de la zone euro se confirme LeMonde, 30avr2016
>>> La démocratie directe est une arme redoutable contre l'Europe HuffingtonPost
>>> De la Finlande à la Grèce, la dérive européenne   Libération
>>> Europe bashing : Davos marque une amélioration
>>> Europe-bashing has become Fashionable. But is it the Solution to International Problems?
>>> Is France “Europe bashing”?
>>> Législatives britanniques : "l'Europe bashing" décrypté par l'ancien ministre des affaires étrangère (vidéoLCI)
>>> Brexit : l'euro-bashing féroce des journaux anglais
>>> Meurtre de la députée travailliste britannique Jo COX

>>> « Les atouts de l’Europe sont bien plus nombreux qu’on l’imagine »
>>> Et l'Europe devint la proie du monde...
>>> « Halte au suicide populiste »
La démocratie représentative n’a pas été inventée pour rien, elle demeure plus indispensable que jamais à l’ère d’Internet, ou toutes les opinions qui s’expriment ne se valent toujours pas, et où l’« opinion » auto-entretenue est encore plus mauvaise conseillère que jadis.

>>> Les évêques de France s'opposent à «l'hystérie de la vie publique». Sept enjeux : «démocratie et société de violence», «pour un projet de société», «vers un pacte éducatif», «solidarité», «migrants», «Europe», «écologie»

















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