mardi 21 octobre 2014

Anima003 : lettre à des parlementaires, sur la guerre de la Russie à l'ukraine

Anima, Guerres, Le problème de la Russie poutinienne, Ukraine, 

Conflit russo-ukrainien : notre courrier à des parlementaires, et leurs réponses 
[MAJ 15/11/2014]
(Nous devrions écrire "la réponse de l'un d'eux", puisqu'un seul a répondu)
Nous envoyons ce jour neuf lettres à neuf parlementaires qui ont montré par leur participation à la réunion du 1er septembre à Paris et/ou à celle du 10 septembre à Moscou le peu de considération qu'ils faisaient des décisions de l'Union Européenne.
Ces neuf parlementaires sont :
1 Thierry Mariani, tmariani@assemblee-nationale.fr
2 Yves Pozzo di Borgo, y.pozzodiborgo@senat.fr
3 Joëlle Garriaud-Maylam(sénatrice UMP des français de l'étranger), j.garriaud-maylam@senat.fr 
4 Jérôme Lambert (député Radicaux de gauche, Charentes), jlambert@assemblee-nationale.fr
5 Jean-Claude Mignon, jcmignon@assemblee-nationale.fr
6 Jacques Myard (député UMP, Yvelines), jmyard@assemblee-nationale.fr
7 Nicolas Dupont-Aignan, ndupont-aignan@assemblee-nationale.fr
9 Jean-Yves Leconte(sénateur PS des Français de l'étranger), jy.leconte@senat.fr 


Important : Monsieur Leconte, qui est le seul à nous avoir répondu, n'est pas, comme nous l'avions crû, à associer aux soutiens de monsieur Poutine. Membre du "groupe d'amitié France-Ukraine au sénat", qui a été "chaleureusement remercié" par l'association Perspectives Ukrainiennes, Monsieur Leconte a participé à la réunion du 01/09/2014 à Paris dans le but d'évoquer avec des responsables russes le traitement d' ukrainiens emprisonnés.
[Attention : il existe un autre groupe d'amitié France Ukraine, bidon celui là, à l'Assemblée nationale, dont le secrétaire est M Mariani (!), et qui est surtout destiné à brouiller les cartes.]



Monsieur Mariani est :
  • L'organisateur, par le biais de l'Association du Dialogue franco-russe, des réunions à Paris et à Moscou avec des personnalités russes visées par les sanctions européennes et/ou américaines ;
  • Le coprésident, avec Monsieur Vladimir Iakounine (depuis 2011), de ladite association. Notons que M Vladimir Iakounine est un oligarque russe, ex-agent du KGB, et proche de M Poutine. Il est le patron des Chemins de fer russes (1,2 million de salariés),  entreprise membre du Front populaire créé par Vladimir Poutine pour soutenir le parti Edinaya Rossiya (Russie unie) (Le point). Il fait partie des personnalités sanctionnées par les Etats-Unis (interdiction de visa et gel éventuel des avoirs) depuis l'annexion de la Crimée à la Russie.  Ce Vladimir ne se cache pas d'avoir été membre du KGB, comme l'autre Vladimir milliardaire (Médiapart). On pourra lire l'entretien que M Iakounine a accordé à la revue Politique Internationale  nº 143 (printemps 2014). Cet entretien est reproduit sur le site de sa propre association. Il affirme notamment qu'il a « travaillé au sein de la première direction principale de l'ex-KGB, la branche du service de sécurité. vouée au renseignement extérieur ». 
  • Très impliqué dans les « affaires » au pays des Soviets.   
Accessoirement, Monsieur Mariani est marié à une femme russe (mais ce doit être une coïncidence...)... 




Nous reproduisons ci-dessous le courrier envoyé à Monsieur Mariani (qui est sensiblement le même que celui envoyé aux 8 autres députés)


 
Monsieur le Député,


Vous avez organisé le 1er septembre 2014 à Paris une réunion avec des parlementaires français, des dirigeants de grandes entreprises françaises, et des personnalités russes visées par les sanctions de l'Union Européenne. Messieurs Narychkine et Sloutski étaient interdits de visa « eu égard aux actions compromettant ou menaçant l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine » (1) :
M Naryshkine Sergei Evgenevich, président de la Douma, ancien officier du KGB puis du FSB « a soutenu publiquement le déploiement de forces russes en Ukraine. Il a soutenu publiquement le traité de réunification de la Russie et de la Crimée et la loi constitutionnelle fédérale correspondante. » (2) . Avant cette réunion du 1er septembre, sous couvert d'une invitation de l'Unesco, il s'était déjà rendu à Paris le 15 avril . Narguant les autorités françaises, il avait alors démenti, avec aplomb, sur TV5, et malgré les témoignages accablants, la présence de soldats russes en Crimée(3). Cependant, une semaine plus tard, Monsieur Poutine reconnaissait que les hommes en vert étaient bien des soldats russes.(4)
M Slutski Leonid Eduardovich « a soutenu activement le recours à l'armée russe en Ukraine et l'annexion de la Crimée » (5)
Nous déplorons votre initiative, qui est clairement un pied de nez à l'Union Européenne et à ses valeurs, de même que nous déplorons l'organisation de la visite du 10 septembre à Moscou, synonyme d'encouragements aux agissements russes.

Vous avez déclaré que la couverture médiatique du conflit russo-ukrainien était erronée ou déformée (6). Les informations des médias français coïncident pourtant avec les informations d'autres pays européens reconnus comme les meilleurs au monde pour la liberté de la presse (7), ainsi qu'avec celles de l'ONU(8) et celles émanant d'Organisations non gouvernementales(9). Ces dernières sont d'ailleurs systématiquement soupçonnées d'abriter des « agents de l'étranger »(10) par les « pro-russes » (ne parlons pas des journalistes...). Nous sommes étonnés que vous considériez les sources russes fiables, sachant que la Russie a plongé dans les profondeurs du classement relatif à la liberté de la presse (7) et que « la dérive liberticide de la législation russe se poursuit à un rythme effréné » (11) , à tel point qu' « il était bien plus simple d'exercer la profession de journaliste sous l'URSS en 1983 qu'en 2014» selon Pavel Goussev qui a connu les deux époques (12)
L'information émanant des médias occidentaux s'avère donc assez proche de la réalité. Cependant, parfois, il arrive que la propagande russe, richement dotée il est vrai (13), parvienne à faire passer quelques fausses informations qu'il convient de rectifier.
Ainsi, contrairement à une opinion désormais couramment répandue selon laquelle l'origine des manifestations de Kiev serait américaine, nous voulons porter à votre connaissance que la source réelle du mouvement est le Rectorat de l'Université Catholique d'Ukraine. (14)
Ensuite, sans nous attarder sur l'annexion de la Crimée, reconnue comme illégitime à l'ONU (15) (pas à l'unanimité de l'assemblée, certes, puisque quelques pays, tels que la Corée du nord ou le Venezuela, ont reconnu ladite annexion...), il convient de souligner qu'elle a appartenu à la Russie moins de 80 ans au cours de son histoire. (16) Cette précision nous semble nécessaire, compte tenu du fait que de nombreux médias français ont pris comme une vérité historique les déclarations de Monsieur Poutine.
En outre, dans la crise qui nous intéresse, le droit international est bel et bien bafoué par la Russie, et non pas par un autre pays. Rappelons que la Russie est signataire d'un « traité de l'amitié » avec l'Ukraine (17), de l’Arrangement de Wassenaar(18), de l'Accord final d'Helsinki (19), de la Charte des Nations Unies (20), du Mémorandum de Budapest (21), de la Convention de Genève (22). Tous ces textes sont aujourd'hui moqués par la Russie ou par les « séparatistes » (23) qu'elle soutient.

A la lumière de ces quelques éléments parmi tant d'autres (24), nous trouverions plutôt indélicat, voire grossier, et même indigne le fait de tenter d'enfoncer un pays à genoux, l'Ukraine, qui nous demandait de l'aide, et de considérer la Russie comme un partenaire honorable. Nous apprécierions que, conformément à la position de l'ONU (25), vous insistiez sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.


En espérant que notre synthèse aura contribué à vous faire apprécier plus justement le rôle de la Russie dans cette crise, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Député, l'expression de notre très haute considération.

AAE

  1. Journal officiel de l'Union européenne. Décision d'exécution 2014/151/PESC du Conseil du 21 mars 2014
  2. Journal officiel de l'Union européenne. Décision d'exécution 2014/145/PESC du Conseil du 17 mars 2014
  3. L'Opinion (02/09/2014), Le Parisien (11/09/214) 
  4. La Russie occupe la 148e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse (RSF), et elle occupe le 127e rang parmi les pays les plus corrompus (Russie Libertés ), entre le Pakistan et le Bangladesh...
  5. Rappel : l'annexion de la Crimée a été dénoncée par l'assemblée générale de l'ONU.  Pourtant, n'est-ce pas Monsieur Lavrov qui déclarait quelques jours avant l'annexion que « les exercices militaires russes à la frontière ukrainienne étaient prévus depuis longtemps » et que « la Russie respecterait l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Qui sont les menteurs dans cette crise ? 
Ce sont bien les ukrainiens qui sont les plus exposés aux exactions des dits « séparatistes » encouragés par la Russie : il est ainsi fait état d'« actes répétés de violence contre des personnes participant pacifiquement à des rassemblements, principalement celles qui soutiennent l'unité de l'Ukraine » indique ce rapport de l'ONU du 16/05/2014.
Ce sont bien les pro-russes font régner la terreur selon l'ONU(18/06/2014)  .
Contrairement à ce qu'affirment les médias russes et leurs relais, l'ONU indique « qu'entre le 24 août et le 5 septembre des groupes armés des entités autoproclamées des « Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk » ont été renforcés avec l'arrivée d'un grand nombre de combattants étrangers, probablement venus de la Russie». Notons que les violations commises par les forces du gouvernement dans le cadre des efforts de reconquête de ces zones, qui servent de bases pour les groupes armés (29/08/2014 ONU) ont, elles aussi, été soulignées à de nombreuses reprises dans tous les médias français. Reste que « la grande majorité des allégations d'enlèvement et d'actes de torture concernent les groupes séparatistes pro-Russie » (Les militants pro-ukraine pris pour cible, Amnesty, 11/07/2014 Amnesty), et que c'est bien la Russie (et non pas l'OTAN, ni les Etat-Unis, ni l'UE) qui entretient le conflit en Ukraine, contribuant aux crimes de guerres qui y sévissent (08/09/2014 Amnesty).
Nous faisons aussi remarquer que les médias français ont peu relevé que des « corridors sécurisés » avaient été mis en place par le gouvernement ukrainien (ONU 29/08/2014).
« Tout le monde doit contribuer à la résolution pacifique de ce conflit, d'une manière qui confirme la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine », a indiqué e Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. « Nous ne pouvons pas ignorer les informations profondément alarmantes sur l'implication militaire russe dans cette nouvelle escalade. Si elle est confirmée, cela constituerait une contravention directe du droit international et de la Charte de l'ONU » a déclaré Jeffrey Feltman, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires politiques. (ONU 28/08/2014) 
  1. RSF
  2. Le financement d'associations ukrainiennes par les Etats-Unis n'occultent en rien celui des nombreuses (mais pas forcément philanthropiques) organisations par la Russie, ni, surtout, le fait que « le Kremlin investit environ 100 millions d'euros par an dans les médias russes installés à l'étranger afin d'influencer le public occidental », comme l'explique le Spiegel.
  3. Le rectorat publia dès le 30 novembre 2013 une déclaration qui permet d'expliquer à ceux qui croient que Maïdan est une entreprise financée par les services secrets américains que les sources du mouvement sont ailleurs (archive).  Extrait : « L'Etat et son soutien politique, le parti des Régions, doivent désormais porter la responsabilité pour leurs mensonges et leur trahison. » (Cité par Antoine Arjakovsky dans Russie Ukraine, De la guerre à la paix?). Il nous faut aussi réaffirmer ici qu'une révolution (qui a un caractère populaire et massif) n'est pas à confondre avec un « coup d'état » (qui est le fait d'un petit groupe souvent militaire). La propagande russe, souvent relayée par des médias français, utilise évidemment le terme « coup d'état » pour décrédibiliser la révolution. Ianoukovitch s'est enfui sous la pression de la « révolution de la dignité », elle-même découlant de manifestations massives et populaires (plus de 700000 personnes le 1er décembre 2013, selon le même auteur) ; il n'a pas été tué ni fait prisonnier par un petit groupe de militaires... Rappelons-nous qu'« en faisant bastonner, sur ordre de Moscou, le 30 novembre 2013, de jeunes manifestants pacifiques, Ianoukovitch a réveillé la conscience européenne et chrétienne des Ukrainiens » http://www.diploweb.com/Russie-Ukraine-de-la-guerre-a-la.html . Ces manifestations sont devenues révolution par la faute de Ianoukovitch lui-même (qui fut élu en parti sur la promesse de la signature d'un accord avec l'UE, comme l'explique Ioulia Shukan, Maître de conférence spécialiste de l'Ukraine, et Chercheur à l’Institut des Sciences Sociales du Politique), et de ses conseillers... Ajoutons que selon cet auteur, les manifestants de Maïdan étaient soutenus par de nombreuses villes (par exemple Lviv) grâce à des mouvements solidaires tels que l' « Auto-Maïdan » qui assurait la logistique, ou les professions médicales.
  4. Selon Arjakovsky, docteur en Histoire spécialiste de la Russie et de l'Ukraine, « La Crimée a appartenu à la Russie moins de 80 ans, au cours de son histoire » (Russie Ukraine, de la guerre à la paix ?). Pour Andreï Zoubov, historien russe, ancien professeur au MGIMO (Institut d'État des relations internationales de Moscou), « La RSFSR, dont la Fédération de Russie a possédé la Crimée de 1920 à 1954, soit 34 ans. (article paru le 02/10/2014 dans le quotidien moscovite Vedomosti 
  5. Un « traité d'amitié » ratifié en 1999 par la Douma a officialisé la reconnaissance de la frontière en Crimée et l'abandon des prétentions russes sur l'Ukraine 
  6. L’Arrangement de Wassenaar 
  7. ONU
  8. Des séparatistes pro-russes exhibent des prisonniers de guerre ukrainiens, le jour de l'indépendance de l'Ukraine (24/08/2014), en violation flagrante de la Convention de Genève 
  9. Pour se faire une idée globale des actions menées par le pouvoir russe, il ne serait pas inutile d'évoquer les guerres menées ces dernières années contre la Tchétchénie, la Géorgie, la Moldavie. Il ne serait pas non plus inutile d'évoquer les assassinats de journalistes, la neutralisation des opposants (L'Express), les conditions troubles dans lesquelles Monsieur Poutine a accédé au pouvoir, ou encore les mystérieux empoisonnements de personnes qui (mais ce doit être un hasard) gênaient le pouvoir russe.
  10. L'Assemblée Générale de l'ONU affirme « son attachement à la souveraineté, à l’indépendance politique, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », cependant que le représentant russe affirme que des « volontaires russes sont aux côtés des séparatistes dans l'est du pays » 








Nous avons également, dans le cadre de cette affaire, envoyé un courrier au Président de la République ainsi qu'au Ministre des Affaires étrangères il y a plusieurs semaines.
Nous tiendrons nos lecteurs informés des réponses et des non-réponses.
Nous les invitons à envoyer un courrier dans le même sens aux personnalités suivantes (Monsieur de Margerie était prévu, mais sa dernière visite à Moscou lui aura été fatale) :

1 Thierry Mariani, tmariani@assemblee-nationale.fr
2 Yves Pozzo di Borgo, y.pozzodiborgo@senat.fr
3 Joëlle Garriaud-Maylam(sénatrice UMP des français de l'étranger), j.garriaud-maylam@senat.fr 
4 Jérôme Lambert (député Radicaux de gauche, Charentes), jlambert@assemblee-nationale.fr
5 Jean-Claude Mignon, jcmignon@assemblee-nationale.fr
6 Jacques Myard (député UMP, Yvelines), jmyard@assemblee-nationale.fr
7 Nicolas Dupont-Aignan, ndupont-aignan@assemblee-nationale.fr






+
(10 sept 2014, Déplacement à Moscou de parlementaires français. Le Figaro)





NB :
Nous n'avons pas fait mention dans notre lettre des actions menées par les ukrainiens, car le sujet était centré uniquement sur les agissements russes.
Mais nous avons la volonté d'être juste et honnête, et nous ne pouvons donc pas passer sous silence que certains bataillons de volontaires ukrainiens se livrent, après celles des « séparatistes », à des exactions. Amnesty International indique que « les autorités ukrainiennes ne doivent pas reproduire la situation d’illégalité et de violations des droits humains qui prévalait dans les zones que contrôlaient les séparatistes.
Aïdar compte parmi la trentaine de « bataillons de volontaires » qui sont apparus dans le sillage du conflit et ont été plus ou moins intégrés aux forces de sécurité ukrainiennes qui cherchent à reprendre les zones contrôlées par les séparatistes.
Les atteintes aux droits humains imputables au bataillon Aïdar se multiplient, notamment des enlèvements, des détentions illégales, des mauvais traitements, des vols, des escroqueries et de possibles exécutions. Certains de ces agissements constituent des crimes de guerre. »
Nous regrettons et condamnons cela.
Nous notons aussi que contrairement à la Russie, qui n'a jamais condamné aucun des agissements des « séparatistes » mais leur a au contraire apporté un soutien continu et dans tous les domaines (y compris militaire, officiel, médiatique...), l'Ukraine « a souligné la détermination du gouvernement à amener tous les auteurs de violations perpétrées dans le cadre du conflit à rendre compte de leurs actes ». Amnesty International a d'ailleurs « salué l’intention déclarée du gouvernement ukrainien de rétablir et garantir la justice dans les zones touchées par le conflit » et a indiqué qu'elle « veillerait à ce qu'il tienne sa promesse ».
Une guerre exacerbe les tensions, l'esprit « revanchard », « punitif ». Nous croyons qu'il serait noble que ces volontaires qui ont pris les armes pour défendre leur pays ne tombent pas dans ce piège, ne reproduisent pas les actes barbares des terroristes pro-russes.





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LES REPONSES
(en fait, LA réponse, puisqu'à ce jour -15/11/2014- , nous n'avons eu que celle de Mr Leconte, qui comme nous, croit et défend les valeurs fondamentales portées par l'UE.
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Monsieur Leconte est le premier (et le seul) à avoir répondu à notre courrier.
Comme indiqué sur son blog, sa présence à la réunion organisée par Monsieur Mariani n'est pas à assimiler à un soutien aux agissements russes, mais à la volonté d'évoquer avec de hauts responsables russes « le cas de militants ukrainiens vivant en Crimée et actuellement détenus en Russie : Messieurs Oleg Sentsov, Oleksandr Kolchenko, Gennady Afanasyev et Oleksy Chirny ».



Le billet dans son intégralité :
Lors de l’intervention que j’ai faite le lundi 1er septembre à la réception organisée à la résidence de l’Ambassadeur de Russie pour le passage à Paris de Sergueï Narychkine, Président de la Douma, j’ai notamment évoqué le cas de militants ukrainiens vivant en Crimée et actuellement détenus en Russie. Il s’agit de Messieurs Oleg Sentsov, Oleksandr Kolchenko, Gennady Afanasyev et Oleksy Chirny.

Puis, lors de mon passage à Kiev le vendredi 5 septembre, j’ai rencontré la sœur de la pilote ukrainienne Nadiya Savchenko, Vira, actuellement détenue à Voronej en Russie après avoir été enlevée par les forces séparatistes du Donbass.

J’avais espéré à l’occasion de mon passage à Moscou les 11 et 12 septembre, pouvoir avoir un contact avec ces quatre militants ukrainiens et Madame Savchenko. J’ai formulé des demandes en ce sens auprès des autorités russes mais je n’ai pas reçu d’accord pour le faire lors de ce voyage. Toutefois, je reste très préoccupé par le cas des ukrainiens actuellement retenus en Russie suite aux évènements intervenus dans l’est de l’Ukraine. Mobilisé sur ces cas, j’espère que leur libération se fera prochainement car leur simple détention souligne l’implication directe de la Russie dans un conflit qui déstabilise l’ensemble de l’Europe. Faute de libération, je ne manquerai pas, lors d’un prochain voyage en Russie, de demander à nouveau à pouvoir les rencontrer pour leur témoigner directement ma solidarité.
(Blog de Jean-YvesLeconte



Si le but était louable, nous faisons remarquer que cette réunion a été exploitée par les services de propagande russe à toute autre fin que l'évocation des prisonniers ukrainiens. Ainsi, la Voix de la Russie n'évoque absolument pas la question des prisonniers mais titre sur les « divisions des élites » à l'égard des sanctions décrétées par l'UE, selon le schéma dorénavant bien connu qui est celui de manipuler l'opinion pour favoriser les divisions à l'intérieur des pays de l'UE comme les divisions de l'UE elle-même. 
Nous sommes d'avis qu'il revient aux pays démocratiques d'organiser un "nouveau Wallenberg" pour défendre les droits de l'homme et de la liberté de la presse aujourd'hui sérieusement menacés en Russie et dans ses Etats voisins. 

 
Concernant le sort des prisonniers ukrainiens, nous reproduisons ici un article de Human Rights in Ukraine :

La Russie refuse de libérer Savchenko et Sentsov

13.09.14
La Russie considère que la femme officier ukrainienne capturée par des militants pro-Kremlin et déportée en Russie ne peut pas faire partie de l’échange de prisonniers prévu par les accords de Minsk. Un porte-parole a déclaré que les accusations portées à l’encontre de Nadiya Savchenko et de quatre opposants à l’annexion de la Crimée étaient "graves".
La Russie considère que la femme officier ukrainienne capturée par des militants sponsorisés par le Kremlin et déportée en Russie ne peut pas faire partie de l’échange de prisonniers prévu par les accords de Minsk. Interrogé sur la possible libération de Nadiya Savchenko et d’Oleg Sentsov, le porte-parole du ministère des affaires étrangères russe Alexander Lukaschevich déclare ne pas voir de lien entre ces affaires et le protocole de Minsk qui traite des prisonniers de guerre.
Il a également confimé avoir été interrogé à ce sujet par Thorbjörn Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe."Nous lui avons répondu très clairement qu’en rapport avec tout un ensemble d’actions, de graves accusations avaient été portées contre eux, et que celles-ci seraient examinées selon les normes de notre législation". Il a reconnu qu’il y avait "un aspect humanitaire à ce problème" et a promis d’en vérifier les détails afin d’offrir une réponse plus précise.
Il faut espérer qu’il se hâte de le faire car il y a infiniment plus qu’un simple "aspect humanitaire" dans cette affaire.
Nadiya Savchenko
Dans son exposé du 11 septembre, Lukaschvich a nié que la Russie est partie prenante au conflit. Même si ceci était correct, la libération de Nadiya Savchenko tomberait sous le coup des accords de Minsk puisqu’elle a été faite prisonnière par des militants de la soi-disant République Populaire auto-proclamée de Luhansk.
Comme rapporté auparavant, Savchenko a été capturée le 17 ou le 18 juin. Deux jours plus tard une vidéo a fait surface qui la montrait subissant un interrogatoire de la part des militants. Elle a montré du courage pendant son interrogatoire et a refusé de donner aux militants les informations qu’ils voulaient lui soutirer.
Le 2 juillet, une cour de justice russe a ordonné sa détention provisoire jusqu’au 30 août. Le comité d’enquête russe a annoncé le 9 juillet que Savchenko est accusée de "complicité de meurtres sur deux ou plusieurs personnes en mission officielle, dans des circonstances mettant le public en danger, pour des motifs de haine politique".
La cour a fait aussi valoir que Savchenko a franchi la frontière russe sans aucun papier, en prétendant être une réfugiée. La cour prétend que la vérification de son identité a été la cause initiale de sa détention.
Cette fable est niée en bloc par Savchenko qui rapporte qu’elle a été emmenée de force de l’autre côté de la frontière, menottée et la tête couverte d’un sac. La version des enquêteurs russes est par ailleurs totalement invraisemblable. Pour plus de détails concernant les failles de l’accusation et l’utilisation de la télévision russe pour essayer de les maquiller, lire ceci.
Contre sa volonté et sans justification, Nadiya Savchenko a été placée au célèbre Institut Serbski pour "examen psychiatrique".
Oleg Sentsov et trois autres opposants à l’occupation de la Crimée
Il a n’été fait mention que du cas du réalisateur de cinéma criméen Oleg Sentsov, mais en réalité les services de sécurité russes du FSB ont arrêté quatre hommes en Crimée en mai 2014.   Oleg Sentsov, Oleksandr Kolchenko, Gennady Afanasyev et Oleksy Chirny sont des opposants actifs à l’annexion de la Crimée par la Russie. Ils ont été arrêtés à différents moments en mai. Après avoir été interrogés et semble-t-il torturés, ils ont été transférés à Moscou où ils font l’objet d’accusations de terrorisme complètement abracadabrantes. Chirny a aussi subi "l’examen" psychiatrique de l’Institut Serbski et l’ONG Open dialogue a exprimé la crainte qu’il n’ait été victime de psychiatrie punitive.
Yury Yatsenko
Cet étudiant en dernière année de droit de Lviv est détenu dans la région de Kursk en Russie depuis mai et il fait maintenant l’objet d’accusations fantaisistes. Plus de détails ici: Russia’s Geopolitical Prisoners
Halya Coynash
(Traduction : Pierre Mercier )
Source : HumanRights in Ukraine. Information website of the Kharkiv Human Rights Protection Group



 

Sergueï Zakharov "le Banksy de Donestsk"  a illustré les tortures qu'il a subies en détention (Capture Foreign Policy). Sur ce sujet, voir article ici










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Le dimanche 26/09/2014 se sont tenus des législatives anticipées. Les postes de députés représentant le Donbass et la Crimée ont été laissé vacants, de par l'impossibilité d'organiser un vote démocratique dans ces régions.
Les élections ont consacrés la victoire des pro-occidentaux.



 
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 La question de la livraison des navires de classe Mistral à la Russie
15/11/2014 : discours de Nicolas Sarkosy, à écouter ici
On pourra, avant tout, se rappeler que les contrats ont été signés alors que Monsieur Sarkosy était président de la République... ce même Sarkosy qui déroulait le tapis rouge à Mouammar Kadhafi, pour quelques mois plus tard participer à sa chute.
Ecouter, à partir de 33'00, Sarkosy, qui défend la livraison des navires Mistral à la Russie, malgré les agissements criminels de Poutine. Noter, surtout, que Monsieur Sarkosy parle de "méconnaissance totale" de l'histoire de la Russie pour défendre l'annexion de la Crimée et la livraison des navires.
Nous nous attacherons à montrer que si méconnaissance et mauvaise foi il y a , elle émane ici de Monsieur Sarkosy, qui reprend sans coup flétrir toute l'argumentation, ô combien discutable, de l'ex-agent du KGB.
Les déclarations de M Sarkosy relatives à la crise avec la Russie, et nos commentaires : 



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Des questions qu'il est légitime de se poser au sujet de la réunion à Paris de personnalités françaises avec Narychkine, interdit de visa en Europe :
- Pourquoi Narychkine n'a-t-il pas été interpellé alors qu'il n'avait pas le droit d'entrer sur le territoire de l'UE ?
- Pourquoi les organisateurs de la réunion n'ont-ils pas été inquiétés , alors qu'ils étaient complices de son séjour irrégulier en France ? (comme le seraient ceux qui se rendent complice de faire passer et d'héberger des clandestins)

D'autres questions :
- Pourquoi Iakounine ne figure-t-il pas sur la liste des personnalités russes sanctionnées ?
- Pourquoi n'a-t-on pas envoyé de troupes en l'Ukraine, qui l'a demandé à plusieurs reprises ?
- Pourquoi n'arrête-t-on pas et ne juge-t-on pas devant le TPI ceux qui occupent la Crimée (ou ont organisé cette occupation) ?







NB :
Suite au renversement du régie de Ianoukovitch et à l'organisation d'élections, je me suis porté volontaire pour être observateur. Je voulais voir par moi même la situation du pays, car les médias étaient peu clairs sur la question. J'ai su, plus tard, que la confusion était créée et entretenu par les réseaux russes.
A 48 h de mon départ, j'ai hésité. Pourquoi ? Parce M Poutine a crû bon de déclarer que l'Ukraine était en guerre civile, une façon de décourager les observateurs internationaux, ce qui lui aurait permis de délégitimer le nouveau président ukrainien, et de poursuivre la déstabilisation du pays.
Or, qui voudrait aller dans un pays en guerre ? J'ai hésité, mais je me suis dit qu'il ne fallait surtout pas croire Poutine. Pas après tout les mensonges qui avaient précédé l'annexion de la Crimée et la déstabilisation de plusieurs villes d'Ukraine (Kharkiv, Odessa, Loughansk, Donesk...).
Finalement j'y suis allé. Il n'y avait pas du tout de guerre civile. Seules les régions de l'est, Odessa  étaient vraiment risquées. Pour la Crimée, bien sûr, elle était inaccessible.
Les traces des manifestations étaient toujours là (impact des balles des snipers, barricades, camps, bâtiments brûlés...)
On m'a envoyé à Ternopil. J'étais avec un autre français, et un canadien. Tout s'est bien passé, l'accueil des ukrainiens a été excellent, les élections se sont passées dans le calme et tout à fait normalement







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